Mozart en Loge, tableau réalisé par un auteur inconnu vers1790, Musée de Vienne. Mozart est assis en bas à droite à coté d'Emanuel Schikaneder, auteur du livret de "La flûte enchantée.
Suite ...
Un demi-siècle plus tard en Autriche, le 5 décembre 1784, le Secrétaire de la R\L\Zur Wohlthätigkeit, La Bienfaisance, fait parvenir une invitation pour l’initiation du Kapellmeister Mozart aux LL\ sœurs de l’Or\ de Vienne. Mardi 14 décembre, Wolfgang Amadeus Mozart frappe à la porte de la maison tout près de chez lui, la maison « Zum rothen Krebsen » - Aux écrevisses rouges – ça ne s’invente pas !!! Il y reçoit la lumière comme apprenti franc-maçon au rite de la Stricte Observance ; ancêtre du Rite Ecossais Rectifié. Un mois plus tard, le 15 janvier 1785, il dédicace et interprète à son ami compositeur et frère Joseph Haydn, son dernier quatuor à cordes. C’est une répétition générale. Mozart est à l’alto, son père Leopold Mozart et Karl Ditters von Dittersdorf aux violons et Jean-Baptiste Vanhal au violoncelle. Pour la seule et unique fois de ses 23 quatuors, il commence par un mouvement lent, adagio, inquiet, sombre, ténébreux, dissonant, en ut mineur. Avec ses 3 bémols à la clef, il ouvre une porte, celle de la franc-maçonnerie pour atteindre la grâce, l’allégresse, cet allegro apaisé, lumineux, solaire, consonnant en UT Majeur, la tonalité de Dieu.
« La Franc-Maçonnerie est une Fraternité initiatique qui a pour fondement traditionnel la foi en Dieu, Grand Architecte de l’Univers ».
Passer de la dissonance à la consonance est la première règle en harmonie. Le soir même du 15 janvier 1785, pour la R\L\ La Bienfaisance, voici la première entre frères du Quatuor des Dissonances. Le B\A\F\ Mozart taille une colonne d’harmonie inégalée dans l’histoire de la musique et livre de sublimes impressions d’initiation.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) > Quatuor en Ut Les dissonances > Adagio-Allegro > 2’55’’
« Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,
Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître. » (Corneille > Le Cid)
Et des coups de maître, en lien avec notre franc-maçonnerie, le Frère Wolfgang en composera jusqu’à l’Orient Eternel ; le trio des quilles, la musique funèbre maçonnique entre autre, ou ses trois dernières œuvres, l’aristocratique Clémence de Titus, la populaire Flûte enchantée et le divin Requiem.
Vous l’aurez compris mes FF\, si d’aucuns pensent que la musique n’a pas sa place dans nos tenues, elle apparaît la première fois en 1723, dans le chansonnier en annexe des constitutions d’un certain Anderson. Il reste alors tant et tant à chercher et à découvrir. Prenez un exemple : Outre qu’ils étaient musiciens, quel point commun existe-t-il entre Mozart père et fils, Haydn, Guénin, Boieldieu, le Chevalier de St-George, Johann Christian Bach, Rouget de L’Isle, Liszt, Wagner, Verdi et plus près de nous Sibelius, Gershwin, Copland, Barber, Nat King Cole, Louis Armstrong, Duke Ellington, Count Basie, John Coltrane, Lionel Hampton ? Bien sûr la liste n’est pas exhaustive. Je vous laisse chercher !
Pour conclure, la colonne d’harmonie, dont le terme apparaît en 1840 dans les registres du G\O\D\F\ est une colonne invisible. Pas de rituel pour rigidifier son socle, pas d’ordre pour classifier sa forme, juste la liberté ; la liberté de chaque maître, compagnon ou apprenti au pupitre, pour laisser la force du langage universel nous entourer, porter la beauté de nos tenues et chercher dans la sagesse de l’expression, de l’interprétation, de notre propre intérieur, la voix du cœur, cet égrégore, ce chant que St-Grégoire le grand nous a légué par ces mots : « La musique élève les âmes vers Dieu ».
Et c’est bien Dieu et les anges qui doivent être charmés après avoir reçu la soprano qui a bercée mon enfance ; Bon voyage Madame Jessye Norman, votre si belle voix restera immortelle…
Anonyme populaire écossais ou irlandais > Amazing Grace > Jessye Norman > 3’18’’
Jérôme V:.
Pour les FF:. de la R:.L:. Michel-de-L’Hospital à l’Orient d’Aigueperse
Le 30ème jour du 7ème mois de l’A:.V:.L:. 6019
Références discographiques
1- Hymne grégorien à St-Jean-Baptiste / Youtube > interprété par Janton
2- Goudimel / psaume XL / Après avoir constamment attendu / CD Harmonia Mundi > Psaumes de la réforme par l’Ensemble Clément Janequin
3- Bach / Joannes-Passion / Choral : O grosse Lieb, o Lieb ohn alle masse / CD DHM > St John’s Passion par la petite bande
4- Rameau / Les Indes Galantes / Entrée des Incas du Pérou / Air de Huascar / CD Harmonia Mundi > Les Indes Galantes par Les Arts Florissants
5- Mozart / Quatuor en Ut Les dissonances / Adagio-Allegro / CD Naïve > Les six quatuors dédiés à Haydn par le quatuor Cambini
6- Anonyme populaire écossais ou irlandais / Amazing Grace / CD Philips > Airs sacrés par Jessye Norman
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Les indispensables du Rite français
Trois Pas en Loge Bleue, Usages et Fondamentaux - Tome I
Rite Français, Sens et Symbolique - Tome II
Disponibles chez l'auteur, voir adresse ci-dessous
Lors de notre dernière Tenue, notre B.A.F. Jérôme V., Premier Surveillant, nous a fait faire un voyage de l’origine de la musique occidentale au siècle des lumières, en nous présentant ce morceau d'architecture intitulé :
La Colonne d’Harmonie,
petites variations à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers
« Au commencement était le verbe, et le verbe était auprès de Dieu, et le verbe était Dieu »
« Il y eut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean »
Jean… Au commencement était la musique, celle de St-Jean le Baptiste fêté au solstice d’été :
Hymne Grégorien à St-Jean-Baptiste > 40’’
Quarante secondes inspirent le moine italien Guido d’Arezzo au tournant de l’an mille. De l’hymne grégorien à St-Jean-Baptiste, il dessine les fondations de la musique occidentale. Cet hymne où chaque phrase musicale monte d’un ton et dont le texte latin du moine Paulus Diaconus (Paul le diacre) représente en acrostiche une phrase :
Ut, ré, mi, fa, sol, la.
Ut queant laxis
resonare fibris
Mira gestorum
famuli tuorum,
Solve polluti
labii reatum.
Sancte Iohannes
Pour que tes serviteurs puissent chanter à pleine voix les merveilles de ta vie, efface le péché qui souille leurs lèvres, Saint Jean
Ensuite, Guido après avoir regardé sa main gauche imagine pouvoir lire la musique sans l’écrire, la main devient harmonique, telle une colonne, cinq doigts comme cinq lignes, Sol, Fa, le solfège, le micrologus de disciplina artis musicae, le micro langage en 1025 va pouvoir se transmettre pendant plus d’un millénaire.
Plus tard au XVIème siècle le musicien Anselme de Flandres ajoutera Si en gardant les deux premières lettres de Sanctus Johannes. D’un Jean à l’autre, le verbe c’est fait musique.
Mais remontons le temps. Mille ans avant notre ère en Israël, il y eu un roi nommé David, le bien aimé, guerrier, musicien et poète, l’alliance de la sagesse, de la force et de la beauté. De la musique, délaissant la flûte préhistorique, David écrivait, composait et louait Dieu accompagné d’un psaltérion. Et se fut le livre des psaumes, le psautier ; cent cinquante poèmes lyriques, une tête de porc en bois, quelques cordes de boyau séché et des ongles affutés. Deux mille cinq cents ans plus tard, le XVIème siècle, la Renaissance, la Réforme, les poètes Clément Marot & Théodore de Bèze traduisent le psautier en langue vulgaire - mais quel beau françois - les compositeurs Claude Goudimel ou Paschal de L’Estocart, entre autres, le mettent en musique - quelles belles polyphonies - pour que le plus grand nombre puisse chanter Dieu, accompagné d’une tête de porc devenue clavecin, d’un orgue positif ou d’un luth, seul ou en assemblée, au culte dominical ou dans l’intimité familiale, à Genève ou à Lyon.
Trois mille et vingt ans plus tard, Après avoir constamment attendu.
Claude Goudimel (1514-1572) > psaume XL > Après avoir constamment attendu > 1’27
Tout cela est très latin, une superposition de lignes mélodiques dans le prolongement de la main du moine Guido, ou plutôt, avec mes excuses, très français réformé, pour la plus grande gloire de Dieu. Mais peut-être manque-t-il une assise, de la rigueur ; passer de l’horizontalité à la verticalité, de la colonne corinthienne à la colonne dorique, de la beauté renaissante à la lumière du XVIIIème siècle, du Sud au Nord, de l’église réformée à l’église luthérienne.
7 avril 1724, église St-Nicolas de Leipzig, les vêpres du vendredi saint. Ce soir on glorifie l’image du Christ, comme souvent chez les luthériens. L’auteur est Jean - l’Evangéliste cette fois - le compositeur est cantor, Jean-Sébastien Bach. Toute la ville est venue pour la première de la Passion. Après le cœur d’entrée et les premiers récitatifs, l’assemblée se lève et entonne avec chœurs, solistes et orchestre, sous la direction du maître de musique, un choral O grosse Lieb, o Lieb ohn alle masse > O amour immense, ô amour sans commune mesure
Johann Sebastian Bach (1685-1750) > Joannes-Passion > O grosse Lieb, o Lieb ohn alle masse > 59’’
Ici tout n’est que verticalité, ferveur et tendresse, harmonie germanique.
1722, deux ans plus tôt, un certain Jean-Philippe Rameau poursuit l’exploration de l’harmonie et ses recherches l’invitent à publier le « Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels ; Par Monsieur Rameau, Organiste de la Cathedrale de Clermont en Auvergne ». Tout est dit…Un traité faisant date, à l’origine de l’orchestre français, où Rameau invente sa célèbre gamme ; les ténèbres du mode mineur, dont la seconde augmentée entre les 6ème et 7ème degrés, le Diabolus in musica, le diable en musique, est gommé pour atteindre la note sensible, la cadence parfaite, le mode majeur solaire. Quelques vingt années avant la consécration de la première loge d’Auvergne, la R\L\ St-Julien à l’Or\ de Brioude en 1744, tout cela est fortement teinté de maçonnerie. Impossible de savoir si Jean-Philippe Rameau fût initié, même si nous pourrions l’imaginer au contact de ses frères librettistes, Louis de Cahusac ou l’auvergnat Jean-François Marmontel entre autres, au regard de quelques opéras Dardanus, les Boréades, Zoroastre, et même les Indes Galantes, ce 28 août 1735 à l’Académie Royale de Musique aux Tuileries, où dans l’entrée des Incas du Pérou, le grand prêtre Huascar nous invite à la nostalgie et à la méditation :
Soleil, on a détruit tes superbes asiles,
Il ne te reste plus de temple que nos cœurs.
Jean-Philippe Rameau (1683-1764) > Les Indes Galantes > Entrée des Incas du Pérou > Air de Huascar > 2’19’’
à suivre...
La suite paraitra dans le prochain article
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Les indispensables sur le Rite français
Trois Pas en Loge Bleue, Usages et Fondamentaux - Tome I
Rite Français, Sens et Symbolique - Tome II
Disponibles chez l'auteur, voir adresse ci-dessous
A la suite du tome I "Trois Pas en Loge Bleue"sur les fondamentaux du Rite français, nous avons le plaisir de vous informer de la parution du tome II consacré à la symbolique du même rite, sous le titre : "Rite Français, Sens et Symbolique"
« Dans ce deuxième opus sur le Rite Français, l'auteur s’est attaché à décrypter le sens des Tenues. Il nous propose par ailleurs une analyse verset après verset, du Prologue de l’Evangile selon saint Jean, avant d’aborder l’ésotérisme de la cérémonie de réception au premier grade. Il nous révèle comment il a découvert la symbolique maçonnique et en particulier celle de son Rite préféré. »
L'ouvrage est préfacé par le TRF GMP d'Auvergne.
Il est disponible chez l'auteur.
Tous renseignements auprès de l'auteur à l'adresse habituelle :
Permettez-moi de dire quelques mots en préambule à la planche que j’ai l'honneur de vous présenter ce soir.
Cette planche, dans sa première mouture, a été lue en loge le 08.03.90. C'est dire, s’il s'agit d'un vieux travail - mon premier travail en fait en dehors de celui d’apprendre le rituel par cœur - puisque, initié le 21.01.89. Je n'étais donc que très jeune Compagnon.
Conformément à ce rite dans lequel j’étais né en F.M, il ne m'avait été demandé par personne, la rédaction de planches étant « tolérée » et, la lecture n’étant pas rituelle, s’était faite après mise en récréation de la loge.
Cette passion qui est la mienne pour ces étoiles qui nous dominent, nous éclairent, nous interrogent, était ancienne et j'avais aimé, lorsque la Lumière m'avait été donnée, les retrouver comme constituant du toit du Temple ce qui me rassurait. C'est pour ces raisons, que j'avais proposé à mon V.M de l'époque, d'écrire ces quelques mots.
La planche de ce soir, comme toutes celles que j'ai écrites à ce jour, ne se veut donc nullement didactique, exhaustive, scolaire, livresque, que sais-je encore... Elle est le reflet de quelques réflexions personnelles que j'ai envie de partager avec les F.F de notre loge.
Je vous parlerai donc de la Voûte Etoilée, celle qui délimite la grande loge universelle à son zénith, tout comme le pavé mosaïque est sa limite au nadir, témoignant ainsi de l'immensité et de l'universalité de la F.M régulière et pouvant symboliser, par la dispersion et l'alternance plus ou moins ordonnée de leurs différents composants, les aléas bons ou mauvais qui ne manquent pas d'émailler notre vie terrestre.
C'est donc avec un grand plaisir que je vais vous soumettre ce modeste travail dans sa forme quasi-première et dans lequel je n'ai fait que développer un peu le passage concernant COMPOSTELLE pour les raisons que vous devinez aisément (ce travail avait été lu dans la R.L Ultréia, qui tire son nom du mot d’encouragement des pèlerins pour aller plus loin) et ajouter quelques réflexions.
A vous tous, je demande donc toute votre indulgence et toute votre tolérance qu'il sied à un travail en grande partie de compagnon.
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La Voûte Étoilée
Quand la Lumière me fût donnée au cours de la cérémonie de mon Initiation, mon attention fût retenue – entre-autre - par le sombre plafond constellé de la Loge dont je n'avais très certainement pas compris la signification profonde - mais en sais-je vraiment beaucoup plus aujourd'hui ? Toutefois, sa présence avait - pour moi qui aime tant à contempler la beauté naturelle et le calme de la profondeur infinie du ciel, une nuit d'été - quelque chose de familier qui était fait pour me rassurer.
En essayant de réfléchir sur cette voûte étoilée qui, par son immensité, m'a fait si souvent rêver, j'ai eu, certainement, une occasion nouvelle de l'approcher plus près, sous l'angle différent certes de la symbolique, mais qui me permettrait également de mieux la comprendre tant les intrications sont serrées.
La Genèse dans ses versets 14 à 18 de son premier Chapitre, indique que la Lumière "est" depuis le commencement du Monde puisqu'elle fût la première des créations de Dieu et je cite
Puis Dieu dit : qu'il y ait des luminaires dans l'étendue des Cieux, pour séparer la nuit d'avec le jour et qui servent de signes, et pour les saisons, et pour les jours et pour les années
Et qui soient pour luminaires dans l'étendue des Cieux afin de luire sur la terre ; et ainsi fût.
Dieu fit donc deux grands luminaires ; le plus grand luminaire pour dominer sur le jour et le moindre pour dominer sur la nuit ; il fit aussi les étoiles
Et Dieu les mit dans l'étendue des cieux, pour luire sur la Terre
Et pour dominer sur le jour et sur la nuit et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres ; et Dieu vit que cela était bon.
En l’espace d’un temps infiniment petit, le Big Bang a tout crée. Cet « accident » - mais en est-ce un ? a été le point de départ d’une dilation qui ne cesse de se poursuivre encore aujourd’hui est qui est à l’origine de tout ce que nous voyons et surtout, de ce que nous ne voyons pas
Les limites de notre Temple sont très chargées symboliquement, puisqu'il est une "re-création" du Monde à l'échelle de l'Homme. Il est donc logique que cette voûte étoilée en délimite sa partie supérieure - comme l'Orient, l'Occident, le Midi et le Septentrion en sont ses côtés et le Nadir son sol. Elle est donc en lieu et place de notre toit et de ce fait elle devient tout naturellement notre protectrice supérieure.
Il est tentant, comme il est fait souvent, de lier le mot « temple » au grec ancien τέμενος(témenos) qui est un champ ou un bois sacré, un enclos réservé aux chefs – ce mot étant issu du verbe τέμνω(témno) qui veut dire « couper ». De même il est tentant de faire de templum la coupure entre le profane et le sacré. Une autre origine possible en ferait un mot pouvant être issu l’indo-européen commun temp que l’on peut traduire par « étendre, étendue, d’où la notion d’espace ». Templum peut également être relié à contemplor ce qui signifie « regarder l’espace, le ciel en vue d’un présage, contempler », qui a très tôt pris un sens religieux. De fait le "templum" désignait un espace sacré et découvert d'où il était possible d'observer l'horizon dans toutes les directions et de là, contempler le Ciel et méditer sur notre condition humaine.
De temps immémoriaux en effet, l'Homme a placé son Créateur - qu'il l’ait appelé Râ, Zeus, Jupiter ou Notre Père, celui qui est aux Cieux, que sais-je encore, cette liste n'étant pas, bien évidemment, limitative - tout là haut, au firmament, dans cette voûte céleste dans laquelle sont plantées, comme épinglées pour toujours, des étoiles en nombre incommensurable. On parle de milliards de milliards d’astres célestes.
En y plaçant notre Dieu Créateur, quelle meilleure protection l'Homme pouvait-il souhaiter avoir de plus ?
C'est très certainement cette notion d'infini qui a frappé l'imaginaire collectif - et tout au moins le mien - et qui a contribué à cette attirance que nous avons tous plus ou moins et qui nous fait tourner nos regards vers ce ciel pour y chercher auprès de Dieu, une aide efficace dans toutes nos entreprises avouables mais aussi consolation et protection lors des périodes difficiles qu'il nous arrive de traverser dans notre vie comme cela nous est recommandé dans l'Exhortation du premier grade du rite Émulation.
Aussi pouvons-nous nous interroger pour chercher à comprendre pourquoi, de temps immémoriaux, l'homme s'est-il efforcé d'essayer de regarder toujours plus loin dans cet infini supérieur, sans limite pour l’esprit de notre petite personne, bien qu’encore limité pour nos instruments d’optique.
Les progrès de la Science font qu'à ce jour notre "vue" perce, à l'aide d'instruments de plus en plus sophistiqués, à près de quinze milliards d'années lumière et malgré tout l'on cherche toujours à en construire d'autres de plus en plus performants pour aller encore et toujours plus loin. Mais jusqu’où ? Le mur de Planck contre lequel notre physique bute encore, sera-t-il franchi un jour ?
Ne serait-ce pas que, dans cette quête, nous cherchons, consciemment ou non, que l'on croit ou non en un Grand Architecte de l'Univers d'ailleurs, à rattraper notre Création et le Big-bang et même peut-être à le dépasser, pour connaître l'avant qui est derrière l'explosion originelle qui a donné la vie, ce qui nous permettrait - peut être - de savoir d'où nous venons et pourquoi pas, par Qui avons-nous été conçus ?
Mais, cet espace qui est donc d'une profondeur sans limite ou presque - en tout état de cause ses limites dépassent de beaucoup l'imaginatif humain, cet espace donc apparaît pourtant à nos yeux, dans la réalité et encore plus dans notre Temple, d'une platitude étonnante.
Cette notion de relief qui disparaît de notre vue, nous donne une certaine idée d'Egalité : lorsque l'on regarde le ciel, les étoiles se touchent ou presque. Quelle que soient leurs tailles réelles, à l’œil nu, elles apparaissent de grandeurs quasi égales et d'éclat peu différent les unes des autres. Rien ou presque ne différencie plus là-bas, l'infiniment grand de l'infiniment petit. Et pourtant quelle différence entre le quark, poussière d'électron et l'Univers dans son immensité sans fin – ou presque, le terme de fin étant conçu dans son acception de longueur - et qui continue de se dilater. Quel vertige nous saisit alors en essayant d'imaginer le gouffre qui les sépare. Cela relativise, oh combien ! les petits problèmes des petites vies de nos petites personnes.
Il est par ailleurs curieux de constater que cet espace infini ne nous apparaît clairement dans toute sa splendeur que dans le noir profond de la nuit, à l'heure qui n'est plus au travail matériel terrestre, et non en pleine lumière. Bien sûr, il existe une explication tout à fait scientifique à cela, mais ne pourrait-on pas y voir également le symbole qu'une vérité peut également surgir des ténèbres les plus épaisses alors que la pleine lumière peut nous la cacher en nous éblouissant.
Et plus la profondeur des ténèbres s'accroît, mieux nous pouvons distinguer d'astres et plus ils nous paraissent nombreux. Mais pour cela il faut savoir attendre, patienter et prendre tout son temps pour les rechercher là où l'on n'avait pas pensé trouver. Cela aussi est une grande leçon d'humilité. Combien de qualités sont-elles ainsi cachées chez l'autre que nous ne voyons pas. Peut-être par négligence ? Peut-être par manque de temps ? Peut-être pas égoïsme ?
L'observation des étoiles nous permet d'assister à un ballet extrêmement bien réglé, témoignant d'une régularité parfaite que nos plus grands savants ont réussi à expliquer par des équations tellement compliquées que l'on ne peut imaginer que cela ne peut relever que de la main d'un architecte autre que supérieurement doué.
Ces étoiles ont pu seules dans les temps anciens, servir de guide aux grands voyageurs à la surface de la terre, puis sur les mers. Les Normands, grands navigateurs s'en servaient il y a des millénaires. Mais également, maintenant, nos satellites artificiels habités ou non.
Plus symboliquement, n'est-ce pas l'une d'entre elles qui a guidé les Rois Mages jusqu'à la grotte de Bethléem il y a un peu plus de 2000 ans ?
Et j’aimerais dire un mot sur ST JACQUES de COMPOSTELLE. Même si ce nom garde, à bien des égards, des mystères quant à son étymologie, puisque plusieurs possibilités sont proposées, une des plus plausibles, car liée au légendaire primitif, serait campus stellæ qui signifie le champ de l'étoile, la voie lactée qui du ciel de FRANCE nous dirige vers un lieu bien précis marqué d'en haut. De fait tous les chemins de COMPOSTELLE allant de la mer du Nord au Perron de Saint Jacques, paraissent être la projection au sol de ce chemin d'étoiles et constituent une voie initiatique unique. De même la voûte étoilée nous conduit-elle de l’occident vers l’orient.
Une enluminure du 15ème siècle contenue dans les Grandes Chroniques de Saint-Denis nous montre un saint portant une escarcelle frappée d'une coquille - qui prit le nom de "coquille Saint Jacques" - et qui apparaît à CHARLEMAGNE, lui enjoignant de délivrer la VOIE, en suivant la voie lactée qui recouvre le ciel et trace la route qui conduit jusqu'à ST JACQUES de COMPOSTELLE.
On peut aussi laisser errer notre imaginatif et rêver. Ces étoiles, ne seraient-elles pas un peu les yeux de notre Créateur qui observerait nos actions tout au long de notre vie ?
Et, pour certaines, il est évident qu'elles sont nos mères : en effet si l'univers est vieux d’un peu moins de 15 milliards d'années, ce qui est communément admis à l'heure actuelle, notre système solaire n'est vieux que d'à peine 5 milliards d'années. Il est né de l'agglomération de poussières d'étoiles bien plus anciennes qui ont essaimé leur matière lors de leur déflagration en supernovas qui a présidé à la mort de celles-ci. Nos molécules, ou tout au moins nos atomes, voire nos particules infra-atomiques, existaient donc avant que notre Terre ne soit. Aussi pourrions-nous voir en elles notre double cosmique.
Elles ont pu, pour certains, être également considérées comme
. les âmes de nos ancêtres défunts qui errent dans l'infini spatial tout en continuant à veiller sur nous du plus loin qu'ils se trouvent,
. voire comme des anges qui descendraient et monteraient le long de l'échelle de Jacob, échelle que l'on retrouve sous d'autres noms dans nombres de croyances : échelle du Ciel empruntée par Amaterasu rapportée dans le Shinto ou celle par laquelle Bouddha descendit du mont Meru.
En cherchant cette relation entre la Terre et le Ciel, en essayant de communiquer avec l'En-haut, l'Homme a voulu tenter de diminuer ses angoisses créées par notre triple recherche du qui suis-je ? d'où viens-je ? et où vais-je ? Cela perdure encore actuellement.
Ce besoin de communication Ciel - Terre, nous le retrouvons un peu dans le fil à plomb qui est appendu à la voûte étoilée, au centre de certaines de nos Loges travaillant à d'autres rites que le nôtre. Il est conçu comme l'intermédiaire entre nos petites personnes et l'infini et Dieu qui l'emplit.
Aussi nous rassure-t-il, nous indiquant que, peut-être, ce cordon ombilical qui pourrait symboliser le lien qui nous réunit au Créateur, n'est pas totalement et définitivement coupé à jamais. Il reste notre antenne réceptrice mais également notre émetteur en direction de cet infini où il fait entendre les cris de nos plus profondes angoisses.
Ces étoiles peuvent aussi symboliser l'ensemble de nos connaissances qui sont devenues avec le développement de la science, plus qu'innombrables. Mais il ne faut pas oublier que c'est une vacuité extrême qui entoure les étoiles et qui, de fait, emplit l'univers de néant dans sa quasi-totalité. Peut-être est-ce de la matière noire, encore hypothétique car non détectable, mais qui est soupçonnée par nos têtes chercheuses.
Tout cela doit nous ramener à une plus juste estimation de ces dites connaissances. La vérité d'hier n'est pas celle d'aujourd'hui et encore moins celle de demain, mais qui ne sera jamais - peut-être - la Vérité avec un grand V qui, elle, est d'ailleurs, de tout là-haut.
C'est pourquoi nous pouvons nous demander si, à l'image ce vide intersidéral qui ne sera - peut-être - jamais totalement comblé, nous pourrons quant à nous, venir à bout de l'immensité de nos lacunes : cela est fort douteux et cette Vérité avec un grand V, la seule, nous ne la trouverons certainement pas dans ce monde terrestre et matériel mais dans l'Au-delà, là où demeure et règne le Grand Architecte de l'Univers. Existe-t-il ? D’aucun y croît, d’autres doutent, d’autres enfin le nient. C’est un long débat dans lequel je ne me hasarderai pas. Simplement j’ai noté :
. qu’Einstein, sur la fin de sa vie, avait reconnu qu’il ne pouvait pas ne pas exister un Être Créateur pour arriver à la perfection de cet univers, mais sans en donner l’identité,
. et que Stephen Hawking, qui a consacré sa vie entière à essayer de comprendre les mécanismes de la création de l’univers et de son évolution, dans son livre post-mortem « Brèves réponses à de grandes questions » tout en niant, dans un premier temps, son existence dans le chapitre « Dieu existe-t-il », faisait référence dans presque tous les autres chapitres, à ce que j’ai pu comprendre, comme étant un principe créateur.
Alors de quelle meilleure couverture donc pouvions-nous rêver au-dessus de nos têtes lors de nos tenues ? Quelle meilleure protection que celle de la demeure de l'Eternel d'où beaucoup de signes nous permettent de croire, ou nous laissent à penser, que nous en venons et que nous y retournerons à jamais pour veiller à notre tour, sur nos Frères et nos Sœurs à venir.
Voilà, Très Vénérable, les quelques réflexions que m'ont inspiré cette voûte étoilée.
Mais je n'aimerais pas terminer sans une touche de poésie en citant la dernière strophe de "Booz endormi" de Victor Hugo
".....................................et Ruth se demandait,
La première bulle contre la Franc-maçonnerie a été émise le 24 avril 1738 par le le Pape Clément XII sous le titre "In eminenti apostolatus specula", dénonçant le multi confessionnalisme et le caractère secret des loges créées en Grande Bretagne par des anti papistes. Cette bulle ne sera pas enregistrée par le Parlement de Paris et ne sera donc jamais publiée en France.
La seconde condamnation de l'ordre maçonnique fut prononcée par le pape Benoit XIV le 18 mai 1751, dans l'encyclique "Providas romanorum pontificum".
Pie VII met en garde les fidèles contre la F:. M:. le 13 septembre 1821 dans son encyclique "Ecclesiam a Jesu Christo".
Le 13 mars 1826 Léon XII publie "Quo graviora".
Pie VIII fait éditer "Traduti humilitati" le 21 mai 1829.
Grégoire XVI, le 15 août 1832, dans son encyclique "Mirari Vos" ne mentionne pas formellement la franc-maçonnerie, mais son texte fut interprété comme anti-maçonnique... par les anti-maçons !
Le Pape Pie IX est plus virulent. Le 9 novembre 1846, dans "Qui Pluribus" et surtout, le 25 septembre 1865, dans "Multiplices inter" il condamne fermement la franc-maçonnerie : " [...] il faut sans doute compter cette société perverse d’hommes, vulgairement appelée maçonnique, qui, contenue d’abord dans les ténèbres et l’obscurité, a fini par se faire jour ensuite, pour la ruine commune de la religion et de la société humaine".
Le pape Léon XIII dans l'encyclique "Humanus genus" datée du 20 avril 1884 écrit : "les sociétés secrètes en général et la Franc-maçonnerie en particulier, comme les ennemis de la Religion, de la famille, de l'ordre social et invite tous les Pasteurs en communion avec Lui, à prémunir le peuple chrétien contre le danger toujours croissant de ces sectes qui ne cachent plus leurs perfides desseins".
Pour bien connaître les usages et les fondamentaux du rite français
"Trois Pas en Loge bleue"
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Morceau d'architecture présenté par le T.V.F. Michel L. devant les FF. de la R.L. Trusatiles
Le morceau d’architecture que je vais vous présenter ce soir est « la lumière rouge ». J’en ai eu l’idée un soir à Hanoï en passant devant un marchand de Temples miniatures où le rouge était très présent et cela m’a fait penser à notre veilleuse, le rouge que l’on retrouve également dans nos églises.
Le rouge, cette couleur qui est si souvent associée au feu, au sang, aux martyrs, à la force et au courage, est pour moi avant tout, la couleur du Sacré.
Le rouge est donc la couleur de l’énergie vitale, de la vie, de la puissance. En Chine, le rouge est associé au Yang, principe céleste. C’est au demeurant pour cela que Mao l’avait choisi.
Mais plutôt que d’évoquer le rouge révolutionnaire, je vais vous parler du rouge spirituel, nous sommes des Frères pas des camarades.
Je ne vais également pas parler de son aspect matériel car aujourd’hui, y compris dans beaucoup d’églises, ce n’est plus une vraie flamme, c’est un symbole animé par la fée électricité. L’important c’est le symbole et l’idée qui en découle, il est fondamental pour nous Maçons de toujours chercher à découvrir avec notre cœur, l’idée derrière un symbole.
Je pense qu’un jour, vous vous êtes comme moi posés la question de la présence sur l’autel du VM d’une veilleuse rouge, veilleuse qui au demeurant n’existe pas dans les autres rites.
Veilleuse qui doit impérativement être allumée avant le début de la tenue et éteinte après la fin, de sorte qu’elle paraisse être le signe d’un temps qui s’est arrêté, d’un temps divin, toujours de midi à minuit. Elle semble être là de façon intemporelle, incréée et divine. Nous sommes bien dans un espace Sacré. La lumière Sacrée, du Divin est donc pour nous qui sommes au Rite Français représentée par notre veilleuse rouge et non pas comme dans les autres rites par le Delta Lumineux. C’est pour cette raison que nous ne l’allumons pas.
Notre TVF Bernard l’a très bien résumé « C'est la veilleuse rouge qui au rite français remplace le Delta lumineux. Son symbolisme est capital dans ce rite ; elle est l'emblème de la toute puissance créatrice, créant et organisant le Temps et l'Espace de la Loge ». Les lumières de la Loge viennent de la lumière rouge, elle est garante de la diffusion de la lumière sacrée, auprès de tous les Frères.
Dans nos églises, la lumière rouge est toujours présente, universelle, immortelle, rien ne peut l’atteindre, elle est protégée par les forces divines. Elle rassure, elle sacralise, à travers elle, nous ressentons la présence du Très Haut qui veille sur nous avec bienveillance. Elle est proche du Tabernacle, du Saint des Saint, elle vit et donne la vie. Elle témoigne de la présence du Seigneur, elle nous incite à la prière.
Le rouge est également très présent dans la Bible, dans l’ancien testament, quand Dieu se manifeste à Moise sur le Mont Sinaï au travers d’un buisson ardent, le rouge couleur de feu. Il est également présent dans le Temple de Salomon.
Avant que ce dernier ne soit construit, le peuple d’Israël, pendant son exode et ses errances dans le désert, priait dans le Tabernacle.
Les Lévites avaient en charge, ce que nous appellerions aujourd’hui, la logistique de ce Temple itinérant. Le Tabernacle comportait 4 voiles de couleur différentes symbolisant les 4 éléments.
Chaque couleur est emblématique ; le bleu pour l’amitié et la spiritualité ; le pourpre pour l’union et la Fraternité ; l’écarlate pour la ferveur, le zèle et surtout la Foi et enfin le blanc pour la pureté.
Nous retrouvons bien dans le Tabernacle, la couleur rouge de notre veilleuse, qui est la couleur de la Foi et de la passion. Cela doit nous rappeler que c'est par la passion et la résurrection que le Christ nous a permis de vivre dans les pas de Dieu, le Grand Architecte de l’Univers.
Le rouge est également la couleur du Saint Esprit qui descendit sur les Apôtres sous la forme d’une langue de Feu « ils virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu, elles se partageaient et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » Les Actes des Apôtres 2-3 Bible de Jérusalem. Si j’osais un raccourci très audacieux, je dirais que la Franc Maçonnerie est universelle comme l’était les langues des Apôtres. L’universalité pour les Apôtres, s’est manifestée par des flammes et leurs lumières. La lumière rouge des flammes. Pour nous, cette universalité est représentée par notre veilleuse rouge.
Dans le prologue selon Saint Jean, où tout est dit « La vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie ». Mais nous, nous avons reçu la lumière ! Alors est-ce suffisant pour l’avoir saisie complétement ? Non car nous devons sans cesse travailler cette flamme qui brille en nous, cette étincelle divine que nous avons reçue lorsque le verbe s’est fait chair. Cette étincelle que nous ravivons à chaque tenue.
Deux autres passages de la Bible évoquent bien la lumière du cœur et de l’esprit que nous devons maintenir. « Vous êtes la lumière du monde. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres » Evangile selon Saint Mathieu 5-14 Bible de Jérusalem.
Dans l’Epître aux Ephésiens, Saint Paul, dit « Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière ».
Ces 2 citations sur la lumière, s’appliquent totalement à nous qui sommes Maçons, quelquefois appelés « fils de la lumière ». Cette lumière est intérieure, elle nous guide dans la construction de notre Temple Intérieur. La veilleuse rouge est là pour raviver notre Lumière, la régénérer, c’est pour cela que l’assiduité et le travail sont fondamentaux pour maintenir cette flamme.
Cette lumière éloigne de nous les vices, les ténèbres et les travers des hommes.
Lors de l’instruction du Grade d’Apprenti, le Vénérable pose la question au Frère 2eme Surveillant « Pourquoi vous êtes-vous fait recevoir Maçon, Frère Second Surveillant ? » Ce dernier lui répond « Parce que j’étais dans les ténèbres et que j’ai désiré voir la lumière ».
Cette petite lumière que nous avons reçu le jour de notre initiation, notre admission comme il est dit dans le Régulateur du Maçon de 1801, c’est à nous de la faire grandir dans nos cœurs, au fur et à mesure que nous travaillons dans la recherche de la vérité en repoussant l’obscurantisme.
La lumière que nous avons reçue est le lien indestructible entre tous les Francs-Maçons passés, présents et futurs, elle est la clef de notre langage et de son universalité.
Lors de nos Saint Jean d’Hiver grâce au rituel du 18eme siècle qu’à retrouvé notre TVF Bernard, nous cheminons sur le chemin conduisant à la lumière, les Frères passent de l’obscurité à la lumière grâce à leur travail et à l’amour fraternel, qui habite nos cœurs. Sans cet amour fraternel, les ténèbres reviendront, nous ne pourrons plus nous améliorer et faire rayonner nos valeurs dans un monde où l’individualisme et la matérialité règnent.
La source de cet amour fraternel pour notre Rite, est la flamme de la veilleuse allumée à l’Orient et dans les flammes des bougies des Surveillants allumées grâce à cette flamme.
Le rouge de la veilleuse est fédérateur, un catalyseur au niveau spirituel, il assure la cohésion, la force et l’élévation de tous les Frères présent physiquement et par l’esprit. « Jean l’Evangéliste a apporté au monde un message d’amour ». Rituel de la Saint Jean d’Hiver
C’est ensuite la Lumière qui brille dans les cœurs et dans les esprits de tous les Frères qui va éclairer la Loge. Cette lumière est celle de la renaissance, d’une vie nouvelle, elle va illuminer le monde à la gloire du Grand Architecte de l’Univers. La flamme de la lumière rouge enflamme nos cœurs de l’amour des autres en général et de nos BAF en particulier.
Mais cette lumière céleste ne ravive pas que les nôtres, en abritant la Lumière perpétuelle, elle nous permet de s’imprégner des autres lumières présentes dans la Loge en particulier de la voûte étoilée.
Cette voûte étoilée, cet Univers infini, est constitué d’une multitude d’étoiles lumineuses.
Notre imagination, notre vécu, et notre personnalité influencent notre regard et notre vision de ces étoiles, Saint-Exupéry dans le Petit Prince a écrit « les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes ».
Nous avons coutume de dire qu’un Frère apporte sa lumière à la Loge, par extension, de façon simpliste, nous pourrions dire que chaque étoile symbolise la lumière d’un Très Cher Frère passé à l’Orient Eternel.
La voûte serait ainsi la lumière propagée par la Grande Loge d’en haut, lumière éternelle de la connaissance. De la même façon que la lumière des étoiles vient du passé, la lumière de nos Frères, nous aide à construire notre avenir et à transmettre. Lorsque nous sommes en tenue, le temps maçonnique n’est pas le temps de la terre, il est le temps divin.
Cette voûte sépare la terre où nous vivons dans notre enveloppe corporelle et le ciel où se trouve le Grand Architecte De L’univers. Elle sépare, le matériel de l’immatériel, le visible de l’invisible, les ténèbres de la lumière, le chaos de l’ordre, « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (La Genèse 1-1). Le Grand Architecte De L’Univers a créé le monde avec son compas.
Une autre façon d’aborder la veilleuse rouge est sa position géographique, elle est à l’Orient comme celle des églises, elle nous donne l’orientation vers la Jérusalem Céleste. La symbolique est la même, elle nous guide et nous éclaire sur notre chemin intérieur vers notre Temple, elle est notre phare.
La lumière rouge est notre fil conducteur, elle n’est pas celle rectiligne et parfaite d’un laser, elle brille avec ses hauts et ses bas comme celle vacillante d’une bougie. Pour la maintenir, la faire croître et la propager autour de nous, nous avons besoin de notre veilleuse rouge, veilleuse divine.
En résumé, je vous invite mes BAF, à porter une attention très particulière à notre veilleuse, à la protéger, à la regarder autrement qu’un simple décor et à garder en mémoire sa beauté et sa puissance spirituelle.
Elle est la représentation de la Lumière du Grand Architecte de l’Univers, l’Éternel, le Très Haut.
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Le vade-mecum du Rite Français :
"Trois Pas en Loge bleue"
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Planche de Compagnon d'Arnaud B:. présentée en Loge le 4 janvier dernier.
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Fermez les yeux mes frères et visualisez une goutte d’eau, tombant au ralenti. Imaginez la toucher le sol, toujours au ralenti. Voyez avec quelle élégance se dessinent les courbes, les milliards de mouvements à chaque micro seconde. L’équilibre géométrique parfait d’un instant fragile magnifie une simple goutte d’eau.
Et si par bonheur, notre monde était tout entier voué à répondre à cette ordre fabuleux ?
Lors du 5éme voyage de la cérémonie de passage au grade de compagnon, le vénérable demande :
“Frère second surveillant, pourquoi vous êtes vous fait recevoir compagnon ? “ et le second surveillant répond : “Pour connaître la lettre G”.
Dans l’Instruction du grade de compagnon on apprend que la lettre G signifie géométrie. Le vénérable dit : “Frère premier expert, faites monter au récipiendaire les 5 degrés mystérieux du Temple que de la, il découvre l'étoile flamboyante et la lettre G qui en orne le centre.” avant d’ajouter : “Mon frère, considérez cette étoile mystérieuse. Ne la perdez jamais de vue. Elle est l'emblème du génie qui élève au grandes chose, et avec plus de raison encore, elle est le symbole de ce feu sacré, de cette portion de lumière divine dont le Grand Architecte de l'Univers a formé nos âmes, aux rayons de laquelle nous pouvons distinguer, connaître et pratiquer la vérité et la justice. La lettre G que vous voyez au centre vous présente deux grandes et sublimes idées :
L’une et le monogramme d'un des noms du TrèsHaut, source de toute lumière, de toute science.
La seconde idée que cette lettre nous présente, résulte de ce que l'on explique communément par le mot géométrie. Cette science a pour base essentielles l'application de la propriété des nombres aux dimensions des corps, et surtout au triangle auquel se rapportent presque toutes leur figures, et qui présente des emblèmes si sublimes .
Attardons nous un instant sur cette lettre G.
Elle trouve son origine au 3eme siècle avant notre ère de la déformation par les romains de la lettre C venant du Grec Gamma. Selon Oswald Wirth il n’est question de la lettre G dans aucun rituel avant 1737. Ce sont les loges françaises qui adoptèrent cet emblème en lui donnant la signification de Gloire pour le Grand Architecte de l’univers. Lorsqu’on la dessine, on réalise que la lettre G n'est pas une lettre finie et qu’en l’observant par transparence, on découvre qu'elle n'est plus orienté de gauche à droite mais en sens sénestrogyre. Telle l’ombre portée dans la caverne de Platon, elle nous prépare à la bascule sur un autre plan. C’est donc la 7eme lettre de l'alphabet qui nous prépare à une élévation toute autre.
La lettre G est la première lettre de bien des mots symboliques : Grade (au sens de degré), le gnomon, la génèse … et même God en Anglais. Selon Louis Peyé, les Loges françaises du 18° Siècle nous donnaient à rechercher la signification de la lettre G dans les termes : "la Gravitation, la Géométrie, la Génération, la Gnose, le Génie”.
La Gravitation est l’attraction des masses entre elles. La fraternité pose une forme de gravitation, un lien imperceptible qui unit et qui rapproche les frères. Elle est aussi ce qui unit la terre avec les cieux. Le lien entre le profane et le divin.
La Génération est la notion de reproduction de la vie, non pas d’être immortel, mais de la rendre perpétuelle au travers de l’autre. Elle soulève les étapes du Maçon: l’apprentissage, le travail et la transmission.
Le Génie peut être définit comme celui plus intelligent que la moyenne, au point que cela devienne une caractéristique de son profil. Mais c’est aussi la notion d’idée de Génie, l'illumination soudaine, Eureka, dans laquelle l’harmonie opère et offre au penseur la lecture d’une solution. Platon écrit que “Le génie est aussi l'accès au monde supérieur, qui permet de voir les merveilles du monde intelligible “.
Le Larousse définit la Gnose comme “Système de pensée philosophico-religieuse qui se fonde sur une révélation intérieure, permettant d'accéder à une connaissance des choses divines réservée aux seuls initiés et permettant de saisir les mystères amenant au salut.” Mes frères permettez moi un peu de légèreté et de citer Daniel Taylor qui écrit dans “Yeti : the ecology of a Mystery” que :
“Le grand mystère qui nous anime est notre désir de connexion avec l’au-delà. Nous avons besoin de symboles qui nous permette de comprendre cette connexion.(...) Tout au long de l’histoire humaine, à travers toutes les cultures, nous avons créé des messagers de l’au-delà. C’est ce qu’est le Yeti”. Cette citation, bien que portée sur une légende, m'emmena à la question suivante :
Et si les religions partaient de principes spirituels, géométriques, trop évolués pour celui qui n’est pas prêt à les recevoir, au point qu'il fallut construire des métaphores, des symboles, appropriables par le commun des mortels pour les rendre accessibles, pour les partager et les transmettre?
Arrivons maintenant à la Géométrie en commençant par la fameuse citation de Platon : « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre ». Mes frères, en entrant dans cette loge, nous venons en géomètres de notre temple fraternel. Pascal le décrit bien et pose à mon sens une des plus belles définitions de la géométrie en exprimant que :
« Toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates et toutes s'entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties. » Pour moi Pascal nous parle bien là de la Fraternité.
La Géométrie est aussi équilibre : un état de plénitude qui permet d’accéder à la compréhension.
L’approche Euclidienne de la Géométrie est celle « de la règle et du compas ». Les objets considérés sont lespoints, lessegments, lesdroites, lesdemi-droites, avec leurs propriétés d'incidence (la règle), ainsi que lescercles (le compas). Ses enjeux essentiels sont l'étude de figures et la mesure. En effet la géométrie est partout: dans la musique avec l’écart entre les octaves. Et devinez quelle lettre, par sa forme, donna naissance à la clef de Sol ? Elle est aussi dans l'art avec les équilibres et lignes de fuite, dans les pyramides et leur architecture, dans la physique quantique avec les équilibres temporels de la théorie de cordes, dans les relations homme femmes, dans les relations à la nature, dans nos activités profanes ou maçonniques.
Alors que je repensais à cette planche une réflexion me vint : Mais alors, et si toute chose, même la spiritualité qui nous entoure, était un équilibre géométrique pur ?
Je pense, en maçon et en profane, que l’homme est un chiffre de cet élégant calcul, une variable fragile, statistiquement si peu probable qu’elle en est miraculeuse. L’homme dépend d’une équation qui le dépasse. D’ailleurs, n’oublions pas que si nous continuons à trop changer le calcul, nous disparaitrons de l’équation. Je suis venu en cette loge en déclarant que pour moi dieu était mathématique, mais il m'apparaît aujourd’hui en Géométrie, c'est à dire mathématiques et équilibre. Mon activité profane m'amène à accompagner les organisations et les Hommes qui les composent. Celles ci répondent aussi à des lois géométriques. Ainsi, face à l'intelligence artificielle, face à la digitalisation de l'économie, face à la disparition progressive de l'homme dans la chaîne de valeur, nous redonnons à l'homme sa place en capitalisant sur l’intelligence collective, c'est à dire la capacité du groupe à être plus que la somme des éléments qui le compose. Je souhaite continuer à apporter ma pierre à cet édifice, en partageant mes compétences sur le sujet. Voilà ma place.
En conclusion
Le temps donne au profane l’avantage de comprendre chaque jour un peu plus le monde qui l’entoure, mais peut on en être conscient et être heureux ? Tout dépend selon moi de notre capacité à Être, avec une E majuscule, au service de quelque chose de plus grand que soit. C'est à dire d'être maçon, avec ou sans tablier, en tout cas d’être un géomètre de Platon. La Géométrie dépasse la matière et nous permet de construire notre temple intérieur. C'est elle qui nous guide dans le dessin des plans de notre développement. Quelle expérience magnifique que de dessiner l’aventure des gouttes d’eau que nous sommes au milieu d’un océan de fraternité.
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