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CimarinLa mort n’est pas un sujet que l’on aborde fréquemment. Nous y pensons très peu, voire pas du tout sauf lors d’événements qui nous rappellent cette fin inéluctable.

Sénèque disait : « La vie, en effet, a été donnée avec une condition la mort. C’est vers elle que l’on marche. » On est donc sur le chemin. Mais il est heureux que la vie nous insuffle, chaque jour, une certaine insouciance tout au long de ce chemin. Des décès de gens proches ou d’amis, la maladie, la souffrance, nous rappellent, toutefois, cette réalité.

 

Pour ma part, je n’ai côtoyé la mort que tardivement. Dans mon enfance, n’ayant encore vivante qu’une seule grand-mère, j’ai pris conscience de la mort devant sa dépouille à 24 ans. Plus tard la mort de mes parents à 12 jours d’intervalle me mit en face de la réalité suivante : maintenant c’est ton tour.

Le hasard voulu que je fus initié une quinzaine de jours après la mort de mes parents. La chambre de réflexion, avec ce crâne et ce sablier en face de moi, symboles en rapport direct avec le sujet de ce soir, ainsi que les voyages jusqu’à la lumière m’ont marqués, comme tous les frères, mais je l’avoue le contexte était particulier. De la mort symbolique je passais à une nouvelle naissance face à la lumière. Cette cérémonie je l’ai revécue à chaque initiation de nouveaux frères, avec une même intensité mais avec plus d’introspection. Mon élévation m’a mis de nouveau en face de la mort et de cette renaissance, voire de la résurrection. D’autres circonstances, comme celle des tenues funèbres, m’ont amené à m’interroger. Dans la chaîne d’union lors de cette dernière cérémonie la parole transmise est « il est vivant ».

 

         Tous ces événements au fil de ma vie, des lectures, des intérêts particuliers sur l’énergie, l’étude symbolique en maçonnerie, ont fait naître en moi des sentiments, des réflexions et bien des questions sur la mort. Réflexions et questions que je voudrais partager ce soir.

Parmi celles-ci

-Pourquoi meurt-on ?

-Qui en nous meurt ou survit?

-Dans ces conditions notre vie a-t-elle un sens ?

 

Nous devons tous mourir. Le verbe devoir est bien de mise, car il s’agit d’une fatalité à laquelle nous ne pouvons pas échapper. Si nous nous intéressons au corps physique, il disparaît. Effectivement la mort se manifeste par l’arrêt de nos fonctions organiques. Le cœur cesse de battre, les poumons ne reçoivent plus l’oxygène. C’est la cessation de la vie terrestre, comme en témoigne le corps inanimé du décédé. Ensuite la décomposition apparaît. Si nous observons la nature, on remarque qu’au niveau de la matière en général, il y a naissance, croissance, maturation,  et enfin décomposition. Ensuite ces nouveaux matériaux de base vont servir à une construction nouvelle, à une nouvelle naissance. Cela pourrait s’apparenter à une loi des cycles. Le corps humain est-il soumis, comme toute chose terrestre, à ce cycle ?

 

L’approche médicale ou scientifique, limitée à l’aspect matériel de la mort, ne rend compte que de ses aspects physiologiques. La mort est peut-être plus qu’un phénomène corporel. Le moi immatériel de l’être humain, son esprit, aussi appelé âme par certains, pourrait être pris en compte. Ici c’est adopter une approche spirituelle. Nous ne sommes plus dans les registres de la densité lourde, de la matière au sens général, nous sommes aux confins de zones plus éthérées, puis légères. Beaucoup de gens pensent que l’interruption du fonctionnement organique conduit automatiquement aussi à la dissolution du moi. Il est supposé se désintégrer et disparaître comme notre cerveau qui se décompose. Cela semble logique que la mort conduise à la mort de la conscience de l’être humain si nous n’étions qu’un corps ! Mais on peut se poser la question suivante : Sommes-nous qu’un être de chair et de sang ?

Si nous restons au niveau de la matière, nous pouvons répondre à cette question car nous sommes prisonniers de lois terrestres physiques. Nous ne pouvons nullement être dans un raisonnement plus éclairé (si j’ose m’exprimer ainsi), plus intuitif. Des exemples de la vie courante montrent très bien cet handicap. Regarder les tests scientifiques réalisés sur l’homéopathie ou des phénomènes paranormaux. Il est impossible d’en obtenir une vérification fiable car on ne se trouve pas sur le bon registre. On reste dans un plan trop dense par rapport à des sujets plus subtils. La matière dense ne peut pas fournir des preuves pour des choses qui sont en dehors d’elle. D’où l’impérative nécessité d’une ouverture spirituelle pour aller plus loin.

 

Revenons à notre questionnement sur l’esprit. Inconsciemment, nous ressentons parfaitement que nous sommes distincts de notre corps. Nous disons « j’ai un corps » et non « Je suis un corps ». Le corps est donc une chose possédée. Le corps est distinct de notre moi. Il est autonome et fonctionne suivant sa propre logique. Des faits peuvent argumenter cette hypothèse. Nous devrions être fatigué au niveau du moi lorsque le corps est fatigué. Or ne désire-t-on pas poursuivre un effort ? Les douleurs et la maladie ne sont pas voulues par nous, elles s’installent contre notre gré. Et lorsque la guérison survient et que nous disons « je suis bien dans ma peau », nous traduisons bien ce phénomène. De même qu’en est-il de notre cerveau ? Le cerveau semble incapable d’émettre un jugement, de prendre une décision. C’est donc un outil au service du moi, extérieur à lui. Cette hypothèse nous amène donc à considérer que l’esprit utilise le cerveau et le corps pour notre expérience d’incarnation. Cet esprit est immatériel, il est, donc, invisible pour les yeux terrestres.

Lors d’un décès d’une personne, ne dit-on pas de façon familière, elle rend l’âme. L’âme rend son corps à la terre. Nous en avons une belle représentation lors de la cérémonie d’élévation. Le corps de notre maître Hiram est enterré, quand on le retrouve la chair quitte les os, l’esprit va quitter ce corps, il ressuscite quand le VM le relève. L’esprit est à nouveau dans la sphère spirituelle. C’est bien sûr symbolique mais hautement significatif. Ce symbolisme, force inexplicable qui donne une compréhension des choses divines. Cette résurrection pour certains va, seulement, être interprétée comme une nouvelle renaissance, c'est-à-dire une naissance avec les acquis assimilés lors des expériences vécues depuis notre initiation, en quelque sorte avec une connaissance plus approfondie. Le frère qui a vécu ces instants est libre d’interpréter ceux-ci en fonction de son ressenti et de ses propres convictions.

 

Le frère se rappellera aussi sa cérémonie de passage au grade de compagnon parfois ressentie comme bien morne et peu porteuse de messages. Pourtant, lors de celle-ci, il est clairement affirmé qu’il doit travailler et réfléchir sur les voyages qu’il a effectués notamment le cinquième :  but unique qui nous est proposé afin de découvrir la vérité par le canal des sciences en suivant la route qui nous est tracée en nous rendant digne d’être par la suite admis à de nouvelles connaissances notamment en étant guidé par l’étoile mystérieuse emblème du génie qui élève à toutes choses.

 

 

 

 

Poursuivons notre raisonnement car certains indices peuvent éveiller, à nouveau, notre attention.

Tout d’abord la mort dans la bible. Les écritures l’ont souvent mentionnée. L’être humain y est clairement représenté comme un esprit distinct du corps. A titre d’exemples :

-Dans la genèse (2-7) lors de la création il est dit « L’Eternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant ». On remarque bien deux éléments qui sont associés : de la matière et un élément plus éthéré.

-Dans l’évangile de Saint Matthieu (10-28) il est dit « ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne ». (en fait l’enfer)

-Dans le magnifique passage de l’évangile de Saint Jean (20 12 à 18)  Marie de Magdala voit deux anges vêtus de blanc à la place où était couché le corps de Jésus, l’un au pied et l’autre près de la tête. Ces anges sont la représentation pour l’un du corps éthérique  proche du tellurique , tellurique qui est propagé en nous par les pieds et qui donne la forme à notre corps physique, pour l’autre du corps astral porteur de notre animation, de nos sentiments et de notre partie spirituelle. Dans ce contexte, Marie confond même Jésus, qui  apparaît debout devant elle, avec le jardinier. C’est le signe que l’esprit est différent du corps physique. Ils ne sont pas de même nature. On a la même démonstration dans le passage des disciples sur le chemin d’Emmaüs dans l’évangile de Saint Luc.

 

Une autre information, complémentaire, peut être intéressante. Une amie, un jour, me confia un événement qu’elle avait vécu en me précisant qu’elle ne voulait que je la croie dérangée. Elle m’apprit que très jeune elle avait dû subir une opération très grave. Lors de l’intervention, elle se retrouva au plafond regardant les faits et gestes des chirurgiens. L’un d’eux dit alors « Elle est foutue ». Elle se sentit donc partir dans un grand vacarme (interférence entre une zone très dense à une zone de vibration différente) et ensuite aspirée dans un tunnel à très grande vitesse vers une lumière éclatante mais indéfinissable, tout ceci dans une sérénité incroyable. Alors elle se dit, ou on lui a dit : « Ce n’est pas l’heure, tu as tes deux filles à élever ». Son retour sur la table d’intervention lui permis d’entendre l’un des chirurgiens dire « Elle l’a échappé belle ». Ce récit, moment d’intimité particulier avec cette personne qui a rarement abordé ce fait , fait qui a transformé sa vie suivant ses dires, est un phénomène connu que l’on appelle NDE. ( des mots anglais traduits par expérience proche de la mort). D’autres récits dans la littérature spécialisée décrivent des circonstances similaires.

         Suite aux dires de cette personne, j’ai eu une intuition par rapport à notre rituel maçonnique d’initiation. Ce rituel est un passage d’un ancien état à un nouvel état, d’une mort à une nouvelle naissance dans le contexte de la lumière. L’initiation au grade d’apprenti, surtout au rite Français sujet support de ce soir,  n’était-elle pas une sorte de NDE? Symbolique bien évidemment. Après l’appréhension, bien légitime, que nous avons dans le cabinet de réflexion, ne sommes-nous pas jeter dans le vacarme de nos passions, (1er voyage), en face de cette vie captive des métaux, avant d’être porté vers des plans plus légers (voyages suivants), afin d’être dépouillé et prêt à recevoir la lumière ? Heureusement une certaine sérénité existe. Nous sommes guidés par une main protectrice. N’est-ce pas initiatique? Nous allons recevoir la lumière avec un souffle de vie donné par le symbolisme de la pipe à lycopode.

Cela me fait rebondir sur un texte que l’avais lu il y a bien longtemps au sujet du baptême pratiqué sur les bords du Jourdain par Saint Jean Baptiste. Le baptisé était immergé totalement dans l’eau jusqu’à la suffocation afin paraît-il qu’il subisse une sorte de NDE. Les mondes spirituels étaient donc pour ces baptisés quelque chose qu’ils pouvaient appréhender. De nos jours , la matière au sens large nous entoure, nous force à consommer, la technologie nous distrait ,l’avidité nous fit oublier totalement le sens de la vie, notre intellect veut tout expliquer et raisonner. Nous nous trouvons, dans ces conditions, couper des mondes supérieurs. Peut-être, seulement, une certaine nostalgie des origines nous titille parfois, mais force est de constater la main mise castratrice de notre vie terrestre de tous les jours. (petite aparté : l’apocalypse de Saint Jean décrit parfaitement ce phénomène).

 

         Que sommes-nous en face de cette situation ? La mort présente-elle un intérêt ? Nous faut-il donc mourir pour nous perfectionner et rentrer en contacts avec ces plans supérieurs ? Lors de notre incarnation actuelle y a-t-il possibilité de nous perfectionner ?

 

         Repartons de cette hypothèse que nous sommes un esprit, Ceci est en cohérence avec la maçonnerie régulière qui est école de spiritualité. En tant qu’esprit nous ne sommes, donc, pas originaire du plan de la matière dense terrestre, mais du plan spirituel. Notre patrie n’est donc pas la terre. Nous sommes comme des étrangers sur ce plan où nous séjournons que de manière provisoire. Si nous regardons autour de nous, sur cette terre, les forces de la nature terrestre stimulent l’évolution, le progrès, le perfectionnement. Ce caractère peut donc s’appliquer, aussi par analogie à l’esprit. La nécessité de nous perfectionner est facile à constater : faiblesses de caractère, manque d’amour, etc…Toutes ces facultés, qui nous manquent, doivent résider en l’Homme avec un grand H. Elles sont un don du Grand Architecte. Mais elles doivent se révéler en nous, car elles sont malheureusement parfois qu’en germe. D’où notre incarnation dans des plans susceptibles de développer ces facultés, c’est-à-dire pour nous humains, sur la terre. L’esprit a besoin pour ce faire d’un véhicule, le corps physique. A partir de cette expérience, l’esprit en se perfectionnant va regagner son pays d’origine, le plan spirituel mais ceci en pleine conscience. La mort est donc voulue par le créateur. La mort en soit ne peut pas être mauvaise. Elle est un passage condition de vie.

Ces passages nous les avons vécus lors des initiations que nous avons eues. Quelle chance d’avoir été le réceptacle de cette révélation! Quelle chance d’avoir possibilité de prendre conscience de notre finalité!

 

 

 

Conclusion.

 

Le sujet de ce soir est difficile à traiter car il peut diverger vers des sujets multiples qui découlent de l’interprétation de la mort, de la croyance que nous mettons derrière ce vocable. Sujet difficile dans un domaine où il n’y a aucune certitude, aucune vérité ici bas, que des hypothèses qui peuvent porter flanc à la controverse.

Effectivement personne n’est jamais revenu de cette expérience pour justifier ces hypothèses.

Néanmoins dans notre école de spiritualité qu’est la maçonnerie, les rituels, les diverses initiations aux divers grades et ordres, nous engagent à nous interroger, à nous perfectionner dans tous les domaines. A titre d’exemple la triade, se former, se réformer, se transformer ne doit pas être qu’un slogan. Le rituel, lui-même, vise à réveiller l’homme qui sommeille, le sortir de son cercueil d’ignorance, l’élever vers la lumière et lui donner des yeux pour voir. C’est par la compréhension intime que ses jours sont comptés sur terre que l’individu parviendra à saisir l’importance de vivre une vie d’honneur, d’intégrité et dévouée à son prochain.

 Mais attention, ceci doit se faire en conscience, sans intellectualisation déformante. Ici l’aide de notre cerveau droit va nous être précieuse, celui de l’intuition et de notre cœur. Seul ce langage du cœur doit nous permettre d’accéder aux confins de ces plans que nous avons tant de difficulté à appréhender. Ce perfectionnement recherché, l’acquisition de ses facultés de l’homme esprit sont-ils raisonnablement assimilables en une seule expérience ? C’est aussi une question intéressante, qui nécessiterait un développement qui n’est pas à l’ordre du jour de ce soir.

 

         Comme il est dit au toast du tuileur, demain l’ultime initiation que le profane appelle la mort nous délivrera, je l’espère, les réponses à toutes ces questions concernant la réelle nature de l’esprit, ce perfectionnement nécessaire pour devenir homme esprit. N’est-ce pas ce qui nous est demandé afin de participer au parachèvement de la création ? C’est un sens à notre vie.

 

Enfin je ne résiste pas à la lecture du poème de William Blake (1757-1827) relatif à la mort. Il nous permet d’entrer dans l’imaginaire et suggère tout un champ d’investigations prometteuses.

 

 « Je suis debout au bord de la plage.

Un voilier passe dans la brise du matin,

et part vers l’océan.

Il est la beauté, il est la vie.

Je le regarde jusqu’à ce qu’il disparaisse

à l’horizon.

Quelqu’un à mon côté dit « il est parti ! »

Parti vers où ? Parti de mon regard c’est tout !.

Son mât est toujours aussi haut.

sa coque a toujours la force de porter

sa charge humaine.

Sa disparition totale de ma vue est en moi,

pas en lui.

Et juste au moment où quelqu’un

près de moi dit :

« il est parti », il y en a d’autres qui,

le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux,

s’exclament avec joie :

« Le voilà »

C’est ça la mort ! » 

  TVF Alain B.

 

Cimarin                                                            

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