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Comprenant l’insistance de notre VM quand à l’importance de la présence aux agapes qui suivent nos tenues, je lui avais fait part de mon intention de l’appuyer, à ma manière, en approfondissant le sens de ce mot. Je ne doutais pas que cette modeste recherche personnelle me conduirait à de nouvelles découvertes : je n’ai pas été déçu ! D’autre part, lors de mon allocution d’installation, j’affirmai après bien d’autres que « la Fraternité est une fleur fragile qu’il faut cultiver sans relâche » ; après un peu plus d’un an, ce soir est l’occasion de boucler la boucle et de vous parler d’AMOUR et d’AGAPES.

Les Grecs  avaient deux mots pour parler d’amour : EROS et … AGAPÊ ; le premier a donné dans notre langue « érotique », « érotisme », « érotomane », c’est l’amour-passion, en latin « amor », celui de Cupidon qui sait si bien provoquer de sa flèche le désir amoureux. L’autre mot grec, « AGAPÊ », signifie aussi amour, davantage dans le sens d’affection, de tendresse, de dévouement, amour de parenté, d’amitié… bref vous l’avez compris, c’est notre FRATERNITÉ !


            Dans la Bible dont l’écriture est passée (comme son nom biblos l’indique) par la Grèce, on trouve un texte majeur du Christianisme qui célèbre l’ AGAPÊ, c’est la première épitre que Paul adressa aux Corinthiens (XIII, 13) ; il est très connu, j’y reviendrai.


            Si les Grecs avaient deux mots, c’est qu’ils voyaient des différences entre ces deux formes d’amour ; si nous n’en avons qu’un (encore que…), c’est que nous y voyons des points communs. Dans les deux cas il s’agit d’un élan vers l’autre ; dans les deux cas il se construit par une succession de preuves : ne dit-on pas « faire l’amour » comme s’il fallait fabriquer cet amour-passion. Et on va jusqu’à affirmer qu’il n’y a pas d’amour mais seulement des preuves d’amour.


            Il en va de même de notre fraternité, cette empathie pour nos frères, les enfants de la veuve : l’inclination que nous avons les uns pour les autres doit se manifester concrètement. Il y a des gestes et des mots dans notre rituel et dans notre langue pour cela, nous devons y mettre les formes, par exemple nous sommes « invités » à ouvrir les travaux, le VM nous « prie » de faire des observations, etc. Dans la vie de tous les jours il y a de grands mots : « bonjour », nous souhaitons à l’autre une bonne journée, « merci », nous lui savons gré de ce qu’il nous apporte… Et puis il y a la poignée de mains, qu’elle soit ou non de maçon, l’accolade fraternelle, sans parler des regards, des attitudes qui peuvent traduire notre bienveillance, notre courtoisie, notre prévenance.


            A contrario oublier de saluer un Frère parce que nous avons une préoccupation immédiate en tête, ou mettre un terme trop brutal à un échange pour mille bonne raisons, ou…, ou…, peuvent être ressentis comme blessant par l’autre, notre alter ego, même si nous ne l’avons pas voulu. Les mots, et aussi l’absence de mot sont des outils : comme le maillet, le ciseau, la règle, ils peuvent aussi faire mal. Souvenons nous de Balzac qui affirmait « plus on juge et moins on aime » (in Physiologie du mariage) ;  gardons-nous des appréciations à l’emporte-pièce. Les parcours initiatiques des uns et des autres se valent dans la mesure où ils sont constitués pour chacun de progrès à son rythme, « de nouveaux progrès en maçonnerie ».


« Le plus long des voyages a commencé par un pas. »


            Comme le faisaient les utilisateurs de nos moulins (trusatilès) chamaliérois, sachons séparer le bon grain de l’ivraie, cette graminée que les latins et les grecs désignaient d’un mot d’origine sémitique zizania; mes Frères  gardons-nous de la zizanie ! Je pense ici au premier VM de cette loge, notre Frère J.P.L., passé à l’Orient éternel, qui nous y invitait symboliquement dans son allocution d’installation dans la Chaire du Roi Salomon lors  de la tenue solennelle de consécration le 23 avril 5998.


            Maintenant je voudrais abonder dans le sens de notre VM actuellement en chaire : il vient de nous demander dans un récent courrier d’être présents aux agapes et d’en faire un grand moment de fraternité. Je ne saurais qu’insister, avec lui, puisqu’il s’agit là de manifester notre AGAPÊ ! D’ailleurs les Latins n’utilisaient-ils pas le mot agapes pour désigner  les repas pris en commun par les premiers chrétiens, réminiscence de la Cène qui avait réuni Jésus et les douze apôtres. C’est la preuve que nos agapes ne sont pas un moment profane, le Bénédicité en est un autre signe.


            C’est aussi avec les premiers Chrétiens que le concept d’ AGAPÊ s’élargit : la fraternité, ce lien entre frères et sœurs, concerne toute la famille humaine, tous les enfants de DIEU. C’est l’amour du prochain, c’est à dire de chaque être humain qu’il soit connu ou inconnu, riche ou pauvre, ami ou ennemi. C’est la générosité du cœur associée à la générosité de l’intelligence.


            Mieux encore, l’ AGAPÊ ainsi conçue, l’amour pour autrui, conduit à l’amour de DIEU lui-même et préfigure l’amour de DIEU pour les hommes.


            Voilà mes Frères, pour ma part, la découverte que j’ai faite en cherchant le sens du mot agapes : en une courte phrase nous sommes passés du carré au cercle, de la terre au ciel, de l’homme à DIEU !

            Il est temps d’en venir à la Bible, à la lecture de la première lettre de Paul aux Corinthiens (XIII, 13) « Au dessus de tout plane l’amour », c’est l’hymne à l’amour, à l’agapê, à l’amour fraternel :

 

« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour suis un bronze qui sonne, ou une cymbale qui retentit.

 Quand j'aurais le don de prophétie, et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais toute la foi jusqu'à déplacer, des montagnes, si je n’ai pas l’amour je ne suis rien…

Quand je distribuerais tous mes biens, quand je livrerais même mon corps aux flammes, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien.

L’amour est patient ; serviable est l’amour, il n’est pas envieux; l’amour ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; il ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’exaspère pas, ne tient pas compte du mal, il ne se réjouit pas de l'injustice, mais se réjouit de la vérité. Il supporte  tout, croit tout, espère tout, endure tout.

L’amour ne passe jamais. S’agit-il des prophéties ? Elles seront abolies.  S’agit-il des langues ? Elles se tairont. S’agit-il de la science ? Elle sera abolie. Car partielle est notre science et partielle notre  prophétie. Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel sera aboli.

 

Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant; lorsque je suis devenu homme, j'ai aboli ce qui était de l'enfant. Car nous voyons à présent au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors ce sera face à face; à présent partielle est ma science, mais alors je connaîtrai tout comme je suis connu.

 

Maintenant donc demeurent la Foi, l’Espérance, l’Amour, ces trois-là … mais le plus grand c’est l’Amour » Bible Osty

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            

Le passage par le latin a introduit un autre mot, Caritas, devenu en français Charité, pour dire l’amour, celui du prochain bien sûr mais aussi et surtout l’amour de DIEU.

 

            Revenons sur notre terre et faisons un rêve, celui de Mirabeau, révolutionnaire et F\M\ qui fut l’un des rédacteurs de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « La liberté générale bannira du monde entier les absurdes oppressions qui accablent les hommes et fera renaître une fraternité universelle, sans laquelle tous les avantages publics et individuels sont si douteux et précaires. »

            C’est la Fraternité qui change le monde ! Précisons avec Michelet qu’il ne suffit pas de l’invoquer :  « Fraternité ! Fraternité ! Ce n’est pas assez de redire le mot… il faut [….] que le monde nous voie un cœur fraternel ; c’est la Fraternité de l’amour qui le gagnera et non celle de la guillotine » (Histoire de la Révolution française, préface de 1847).

            Vous voyez mes Frères les maçons ont bien la bonne méthode : la recette est simple, Saint Augustin la recommandait déjà : « Aimes et fais ce que tu veux » (Sermons).

            Alors mes Frères, aimons !

  Et … à tout à l’heure aux agapes !


 

J’ai dit.                                                          

Chamalières, décembre 6008

 


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