L’auteur :
Georges Arthur Goldschmidt est un traducteur et un essayiste français. Il est né en 1928 à Hambourg dans une famille juive convertie au protestantisme. En 1939 du fait des persécutions nazies, il est envoyé en France et trouve refuge dans un pensionnat en Haute-Savoie. C’est un enfant traumatisé par l’arrachement à sa famille, la rupture avec ses origines et la dépossession de sa langue maternelle. Obligé de s’exprimer en français, il découvre alors une langue qui le fascine et va le marquer à jamais. Naturalisé en 1949, agrégé d’Allemand, il devient professeur puis traducteur. Traducteur reconnu, recherché par les éditeurs, il traduit entre autres, Nietzsche, Kafka, Georg Büchner, Peter Handke, Adalbert Stifter…
L’ouvrage : À l'insu de Babel
C’est l’histoire d’une confrontation, celle de deux langues, l’allemand et le français. Histoire que l’on ne peut comprendre qu’à la lumière de la vie de l’auteur.
« La langue première fut la langue de l’éveil, et de l’émerveillement, des toutes premières impressions, ineffaçables […], mais celle aussi de l’expulsion et de l’exil, celle au moyen de laquelle fut mise en place la Shoah. L’autre fut celle de l’accueil, de la préservation et de l’accomplissement ».
De cette confrontation va naître une réflexion sur le langage et sur la traduction, seul passage possible pour comparer deux langues. Après des explorations fouillées de la Langue et l’analyse minutieuse de l’expérience du passage : « Entendre les langues et les traduire » et de l’allemand en tant que vecteur de la philosophie, il conclut sur l’ambivalence de la langue. Instrument d’autorité la langue est l’outil du pouvoir mais elle permet aussi la critique, la contestation et, est par là même l’arme de l’accession à la liberté, sachant que nous ne sommes pas détachables de la langue par laquelle s’est faite la découverte de notre identité.
C’est un livre dense où l’on devine en filigrane toute la souffrance de l’auteur qui a vu sa langue maternelle devenir, selon l’expression, de V. Klemperer, la lingua tertii imperii (la langue du Troisième Reich), un instrument de propagande du nazisme, au service du crime absolu.
La lecture est loin d’être facile, mais c’est celle d’une étude philosophique d’une grande richesse. A noter une analyse du premier verset du prologue de l’Evangile selon Saint-Jean (cf un manque originel, page 18 et la note n°1 qui s’y rapporte page 159)
Bonne lecture
Editeur : CNRS
ISBN : 978-2-271-06761-6
EAN : 9782271067616
Parution 2009, prix éditeur : 25,00€