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Fris mqsaique 600 1

 

Le pavé mosaïque,

 

 

 A la Gloire Du Grand Architecte D e L’Univers, Vénérable Maître et vous tous mes bien aimés frères, j’ai le plaisir de vous faire part de mes réflexions sur le thème du Pavé Mosaïque.

Me voici devant vous rompant  pour la première fois  le silence cher à mon état d’apprenti, tel un habit, une protection, pour vous présenter ma première planche  sur le pavé mosaïque.

Avant d’aller plus loin sachez que mon émotion est grande car ici en ces lieux, temple sacré, et en ce temps, je me présente devant vous pour la deuxième fois. La première fois, quand vous m’avez ouvert les portes de la loge, j’avais les yeux bandés et mon cœur n’avait pas d’autre choix que de battre la chamade. Puis la lumière me fut offerte et vous vous êtes révélés à moi, comme ce temple, cette loge. Je devins votre Frère et vous  devinrent les miens. A la colonne du Nord, je pris place, dans le silence,  entouré par mes frères apprentis. Là nous ouvrons nos sens et de nos travaux nous nous  nourrissons. Devant nous et avec nous la loge vit, grandit. Nous sommes là, de l’obscurité à la lumière nous attendons, nous apprenons et pour moi ce soir je parle. Quand mon frère Patrice,  2ème surveillant me confia le sujet de ma première planche, le pavé mosaïque, j’acquiesçais, fier de savoir que j’allais tenter d’apporter une petite pierre à cet édifice merveilleux qu’est la franc maçonnerie. Et là d’un coup d’un seul, l’édifice est devenu montagne dont le sommet se perd dans les limbes de mon imagination. Comment pourrai-je être capable et digne d’oser  approcher un tel sujet ?  Pendant de nombreux jours mais aussi de nuits, j’ai pris le sujet en main à bras le corps pour le reposer devant moi, telle une boîte fermée par une combinaison à laquelle je n’avais pas accès moi simple apprenti.

Comment oser parler alors que des planches et morceaux d’architectures s’offraient à moi lors de nombreuses tenues, parfaites pertinentes, œuvres de maçons éclairés et moi dans l’ombre du nord je ne percevais que le dixième voire le centième de leur portée ?

Et puis il y eut un déclic, ou plutôt deux à travers deux lectures dans lesquelles un autobus pour l’une et « Dominique et François » pour l’autre m’ouvrirent les yeux.  Vous comprendrez mes frères que je ne veux pas rester là à l’arrêt du bus, à regretter de le voir partir  comme je ne pourrai pas non plus vous faire un cours théorique sur la symbolique sur le sujet qui m’a été confié. Je vais uniquement essayer de faire parler mon cœur d’apprenti maçon qui n’en revient toujours pas d’être là.

La montagne est là, son sommet baigné de brume mais j’ai posé ma main contre sa roche et j’ai senti battre son cœur.

Alors me voilà devant vous une deuxième fois, ma naissance est effective, ma vie de maçon prend son envol. Je vais vous parler du Pavé mosaïque, de ce carré long comme on peut souvent lire dans la littérature maçonnique.

Tout d’abord de son aspect symbolique, comme je le ressens  et le comprends, jeune maçon que je suis et  qui ne pourrais prétendre maîtriser l’ensemble de la symbolique maçonnique, mon voyage personnel ne fait que commencer mais également du fait que ce pavé mosaïque est pour moi le centre de cette loge.

 Mais commençons par prendre les mots, un par un.

 Le Pavé : vient du latin « Pavare » que l’on peut traduire par l’action de niveler, c’est-à-dire mettre à niveau un sol. Le pavé est aussi bien un bloc épais de matériaux dur que l’ensemble d’un revêtement. « bloc, généralement cubique et fait de pierre dure, spécialement taillé pour confectionner une chaussée de route, de rue, ou d’un sol » nous dit la plupart des dictionnaires. Il est déjà intéressant de constater que l’unité peut découler l’ensemble. Et que d’un se construit le tout,  et que notre vie maçonnique à l’instar  d’un sol et des murs d’un temple est en perpétuelle construction. Sur les fondations, sur ce sol la loge est là et autour se tiennent les maçons.

La Mosaïque est un assemblage de pièces multicolores de matériaux durs juxtaposés pour former un dessin lié par un ciment. Art ancestral dont les premières traces apparaissent 8 siècles au moins avant Jésus Christ, la mosaïque « prendra toute sa splendeur » un siècle plus tard.  Avez-vous remarqué dans cette définition que l’on parle d’assemblage pour ne former qu’une seule pièce ?

De ces deux mots naissent cette entité bicolore qui est juste là devant nos yeux. Si on reprend le premier mot nous pouvons parler de sol et qui dit sol dit fondation, de pierre fondatrice, la base de la loge, le fondement sur lequel tout repose. Parlerons nous d’autel voire de pierre sacrificiel ? Non.

Juste d’un sol qui pourrait réduire notre temple à sa plus simple expression  car dessus et nous en parlerons plus tard se dessinera notre loge.

Le pavé mosaïque est composé de 2 couleurs, carré s’emboitant parfaitement, liés les uns aux autres par un joint de ciment. Ces deux couleurs ne sont pas le fruit du hasard même s’il n’est pas aisé d’en retrouver l’origine, quelque part dans les temps anciens entre la maçonnerie opérative et la maçonnerie spéculative.

Des carrés noir et blanc de taille identique, des couleurs qui ne sont pas définies comme étant des couleurs mais des valeurs : blanc comme la réunion de toute la lumière des couleurs et noir comme l’absence de couleurs et de lumière.

Deux parfaites oppositions : blanc et noir, le jour et la nuit, la lumière de la naissance et l’obscurité de la mort, le bien et le mal, la parole et le silence…nous pourrions en faire ainsi des pages et des pages car là nous sommes dans l’opposition des contraires comme tout un chacun pourrait le comprendre de prime abord et cela sans aller plus loin que ce simple regard, blanc et noir.  Mais de cette opposition doit on en faire une généralité et réduire notre réflexion à ce simple état ?

Etre Franc Macon est ce juste opposer deux contraires et s’en satisfaire  et  ne pas aller au-delà ? Devrait- on croire alors qu’il n’y a que des pierres brutes et des pierres taillées ? Que l’on passe d’un état à l’autre juste parce qu’on l’a décidé ? L’état intermédiaire n’existe-t-il pas ?

A nous de dépasser la simple vision conflictuelle et surtout ne pas croire que dans le mal peut se cacher un peu de bien et alors être dans l’impossibilité de choisir entre les deux.

Attention trop de lumière tue la lumière et ne fait qu’aveugler !

Gardons-nous d’être trop manichéens au risque de perdre toute faculté d’appréciation de la vie !

Mais alors de cette opposition que dois-je en faire ?

Soit je l’applique telle quelle et alors je n’ai pas d’autre choix que dire en parodiant Descartes  « je pense donc je juge ».  Est-ce vraiment cela être maçon ?

Soit je vais au-delà de ce simple jugement d’esprit, vers la réflexion  et la conciliation donc vers un autre état qui va faire de moi cet autre que je suis venu, en ce temple, construire au fil du temps.

De ce dallage nous pouvons en tirer une indissociable complémentarité  permettant, au delà de l’opposition, de l’affrontement que certains imagineront, de maîtriser voire de construire quelque chose comme sa vie de maçon par exemple.

Je vous disais toute à l’heure que le pavé mosaïque pouvait symboliser  à travers le noir et le blanc, le jour et la nuit, l’esprit et la matière. Vous remarquerez dans ces oppositions qu’on ne peut ignorer aucun des termes. Il ne peut y avoir que le jour sur terre comme il est impossible que la nuit ne finisse jamais. Les oppositions sont là pour s’harmoniser. Nous sommes donc soumis aux lois des contraires comme a pu le faire remarquer Edouard Plantagenet.

Regardons bien le Pavé Mosaïque, ne voyons-nous pas ce lien qui courent en entre les dalles et qui est là pour rassembler outre la faïence mais surtout les contraires ? Est-ce notre voie de l’emprunter ? Nous qui de temps à autre passons du noir au blanc et vice versa ! Avons-nous alors la possibilité par cette autre voie de voir s’assembler les contraires ? Une véritable opposition aurait nécessité que ce joint soit fait de vide et non d’un ciment qui joint le tout. Le pavé par ce joint est unique, unité parfaite qui va bien au-delà de ce que nous voyons.

Tel sur un jeu d’échec ou dames chacun choisira de se mouvoir comme bon l’entend car après tout ne sommes-nous pas des hommes libres, maçons certes. Le pavé mosaïque nous invite donc à jouer sachant qu’ici les règles du jeu ne sont pas les mêmes, personne nous oblige à y entrer et ces règles ne seront que celles que nous nous sommes fixées.

 Le pavé mosaïque est alors un miroir qui en plus de réfléchir nous sonde bien plus profond qu’une simple psyché car c’est aussi un lieu d’énergie. Réfracteur d’énergie quand tous ensemble nous formons la chaîne d’union, cette chaîne extraordinaire  qui relie le passé au présent et nous amène vers le futur. Le pavé nous irradie de notre propre force, et là apprenti je trouve ma place pour un voyage que l’on souhaiterait  parfois plus long.

Mais nous pouvons également aller plus loin, au delà des deux couleurs, sur une troisième voie…

Laquelle me direz vous ? Celle que j’ose à peine emprunter, celle de la symbolique. Alors le pavé devient source comme tant d’objets autour de moi et qui me poussent à apprendre, à tenter de comprendre. Je suis sur le chemin de la symbolique, si chère au cœur des maçons.

Devant moi un carré long, dualité parfaite mais nous savons que notre vie n’est pas faite que de cela.

Devant moi un carré long, un des fondements de la construction symbolique de la loge, une base, un fondement.

Devant moi ce carré long, derrière lequel se dissimule mon chemin de vie maçonnique. A moi de l’emprunter, mon rituel à la main et de sillonner à travers les âges et la sagesse pour mieux comprendre et faire de mon engagement un précepte de vie.

Tout à l’heure j’osais vous dire que le pavé mosaïque était le centre de ma vie maçonnique, de ma vie d’apprenti.

Commençons par la préparation de la loge, étape forte pour celui que je suis à cet instant car de cette mise en place dépend le bon déroulement de la tenue. Nous allons disposer les bijoux immobiles en respectant ce qui doit être le plus important à nos yeux : notre rituel.

Devant nous au commencement la loge avec le pavé mosaïque vide, tel un autel qui attend que nous lui revêtions ses plus beaux atouts. Il est face à nous et nous donne à réfléchir sur la dimension réelle de la loge. Dans quelques minutes il va devenir le socle même notre loge, ses fondations indestructibles. Et sur ce socle les trois chandeliers, lumières de notre loge avec celles du vénérable et des deux surveillants, la pierre brute et ses outils, la pierre cubique à pointe, l’une face à l’autre le chemin sera long pour aller de la brute à celle parfaitement façonnée, la laie, la jauge  mais surtout en son centre  sous la voute étoilée notre tableau de loge, cœur battant de notre état, recouvert d’un drap bleu au départ puis offert à tous après que la loge fût illuminée et les travaux ouverts au premier grade d’apprenti.

Pendant notre tenue autour du pavé mosaïque, à notre rite français, le maître de cérémonie donne un sens au mouvement. De là le pavé mosaïque devient le centre, de là nous délimitons l’orient, l’occident, la colonne du midi et la colonne du nord. La loge se matérialise entière et parfaite. Et moi apprenti dans l’ombre de la colonne du nord je regarde et j’écoute.

De temps à autre, mon regard se perd sur ce pavé. Les carrés noir et blanc alors se mélangent, pour danser devant mes yeux. Je sais pour l’instant du haut des trois marches que j’ai gravi que je peux apercevoir ce dallage mais qu’il me faudra du temps pour mieux comprendre et appréhender toute cette symbolique forte et ancestrale.

Me voilà devant vous ce soir, prêt à rejoindre l’ombre qui m’a vu naître et fier d’être devenu maçon et heureux de me dire que le chemin est long avant d’arriver la perfection, si cela est possible bien entendu.

L’enfer est-il pavé de bonnes intentions ?  Je n’en sais rien mais je sais simplement que là sous mes yeux le pavé mosaïque est le symbole parfait pour ma future vie maçonnique. A moi avec vous tous de devenir le maçon que je rêve d’être. Vous m’avez ouvert les portes de la loge, à moi maintenant de m’en montrer digne.

Pour finir je laisserai  parler Socrate : «  Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ».

J’ai dit.

P.P.

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