Au Rite français, trois fenêtres décorent les murs : une à l'Orient, une au Midi et une à l'Occident. Elles participent ainsi à l'orientation de la Loge. Par leur triplicité, elles évoquent le nombre mystérieux de "3" et celle de la Trinité. C'est un symbole temporel... voir illustration ci-dessous.
(cf Rite Français, Sens et Symbolique, pp. 165-168)
847ème article
Trois Pas en Loge Bleue Fondamentaux du Rite Français
Dans ce premier tome consacré à la pratique du Rite Français l'auteur* s'est attaché à mettre à la disposition des jeunes maçons et des moins jeunes, l'ensemble des usages et des fondamentaux indispensables pour trouver sa place en Loge et vivre pleinement chaque Tenue. Les Officiers y trouveront une description précise de chaque office et des conseils pour rendre la Loge "juste et parfaite".
Format 230 x 150 mm ; 226 pages Prix public 22 euros
Rite Français Sens et Symbolique
Partant du principe qu'il faut comprendre ce que l'on fait pour bien le faire, l'auteur* nous présente dans ce deuxième tome, les outils nécessaires à la compréhension du Rite et à l'utilisation des symboles. Après avoir donné les clefs pour saisir le sens profond des différents temps d'une Tenue au grade d'apprenti, il aborde ensuite la symbolique maçonnique et en particulier celle de la lumière propre au Rite français, en étudiant les liens qui nous rattachent aux bâtisseurs de cathédrales. Il apporte d'autre part un éclairage symbolique sur le Tableau de Loge et les éléments figurés qui le composent. Une approche symbolique intéressante du Rite français. Ce livre a reçu le Prix Blaise Pascal - Arverna Masonnica, 2019
Format 230 x 150 mm ; 232 pages ; Prix public 22 euros
L'auteur* entré en maçonnerie il y a plus de trente ans, le RF Bernard B. s'est passionné pour le Rite français. Vénérable à plusieurs reprises, il est aujourd'hui Précepteur provincial de ce Rite et se consacre à apporter son aide à l'instruction des jeunes Frères.
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Les Francs-maçons parlent souvent de temple pour désigner l'édifice dans lequel ils se réunissent, par référence au Temple de Salomon dont la reconstruction est un des mythes de base de la Franc-maçonnerie.
Qu'en est-il au Rite Français ? Doit-on dire Loge ou temple ? Quelle est la place symbolique d'une Loge par rapport au Temple de Salomon ?
Voici des extraits de deux documents du XVIIIème siècle qui vont vous apporter des éléments essentiels de réponse.
D. – Comment se tient votre Loge ?
R. – Est et Ouest comme le Temple de Salomon.
D. – Où se tient la première Loge ?
R. – Dans le porche du Temple de Salomon.
Document P. D. Kevan, entre 1714 et 1720
D. – Avez-vous des Ornements dans votre Loge ?
R. – Oui Vénérable.
D. – En quel nombre ?
R. – Au nombre de trois.
D. – Qui sont-ils ?
R. – Le pavé mosaïque, l'étoile flamboyante et la houppe dentelée.
D. – Quel est leur usage ?
R. – Le pavé mosaïque orne le seuil du grand portique du Temple [...]
Recueil des trois premiers grades de la Maçonnerie au Rite Français,
p. 110, 1788
Le rituel de 1788 est précis, Loge et Temple sont deux édifices distincts. Mais, symboliquement bien sûr, ils sont étroitement liés. Nous pouvons dire que l'espace où se rassemble l'ensemble des Frères portant le nom de Loge, est situé sur le parvis du Temple et non à l'intérieur de ce dernier.
René Guilly [8], grand spécialiste de la tradition du Rite Français, confirme et complète cette interprétation :
« Loin de ces errements historiques et symboliques, il faut s'en tenir à cette règle qui ne souffre d'aucune exception : [ au Rite Français ] la Loge n'est pas le Temple, elle est à l'Est, devant le Temple, et par la suite les deux colonnes se trouvent normalement à l'extérieur du Temple et à l'intérieur de la Loge. Il en découle qu'il faut absolument bannir de nos rituels et de notre langage un certain nombre de locutions telles que Le Temple est couvert, couvrir le Temple, demander ou donner l'entrée du Temple. Il faut dire de façon impérative : La Loge est couverte, couvrir la Loge, demander ou donner l'entrée de la Loge. »
in Trois Pas en Loge Bleue
R. F. Bernard B.
pp. 21 à 23
835ème article
Les soirées à venir, qui s'annoncent fort longues, pourraient être l'occasion de découvrir quelques bons ouvrages maçonniques.
Vous pouvez vous procurer les deux ouvrages présentés ci-dessous, en vous adressant directement à l'auteur (adresse habituelle tvfbb.... voir l'encadré) ou en les achetant en cliquant icipour le Tome 1 et là pour le Tome 2
Nous pensions reprendre une vie quasi normale. Patatras, un infiniment petit, invisible au microscope (optique), un virus à couronne, en a décidé autrement et nous voilà à nouveau confinés, réduits à des contacts fraternels purement virtuels, heureusement encore possibles.
Le redémarrage du blog fut un peu laborieux après la pause estivale et nous avons connu quelques déboires, en particulier avec la disparition du bandeau, réalisé à partir d'un fragment de l’École d'Athènes, peinte par Raphaël entre 1508 et 1512. Notre ami, notre Frère, S..o,, artiste connu et reconnu, m'avait fait gentiment remarquer en découvrant le blog, qu'on ne charcute pas une telle œuvre ! Dont acte !
Celle-ci ayant disparu du blog, nous l'avons remplacée par cette peinture réalisée par un moine japonais, Sengaï Gibon, au XVIIIème siècle. Ce tableau (48 x 28 cm), sans titre, conservé à l'Idemitsu Museum de Toko, représentant un cercle, un triangle et un carré, a été surnommé l'Univers ou Le Cosmos. Sur le bandeau, il est entier ! il ne s'agît pas d'un fragment.
Par contre ce tableau peut être un sujet de réflexion pour tous ceux qui s'intéressent à la symbolique.
Au plaisir de lire vos commentaires. Commentaires par mail exclusivement à l'adresse habituelle tvfbb... que vous trouverez dans l'encadré à la fin de l'article ci-dessous.
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Pour occuper vos longues soirées d'hiver sans Tenues, nous vous soumettons une petite devinette :
Certains, avec mépris,
Ont dit :
"Ce prétentieux n'est que du vide,
Il n'est donc rien !"
Mais, impavides
Quelques vieux historiens
Répliquèrent :
"Bien plus fort que l'équerre,
Sa puissance infinie n'est point une imposture
Mais dépend, dirions nous, de sa structure.
Et ce n'est pas rien."
P.S. Google ne vous a rien fait, inutile de l'embêter avec ce genre de questions.
Impatient de lire vos réponses, par mail exclusivement à l'adresse habituelle tvfbb... que vous trouverez dans l'encadré ci-dessous .
R. F. Bernard B
Les soirées à venir, qui s'annoncent fort longues, pourraient être l'occasion de découvrir quelques bons ouvrages maçonniques
Le 17 décembre dernier nous vous avions présenté les premiers éléments symboliques d'un tableau figurant dans un temple maçonnique portugais, sous le titre :
B et autres symboles sur pavé mosaïque.
***
Dans cet article, nous avions laissé de coté le quadrant supérieur droit de ce tableau, en particulier les éléments contenus dans le cercle bleu. Voir l'illustration ci-contre : flèche jaune.
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Nous nous proposons aujourd'hui de poursuivre ce travail d'analyse à l'intérieur de ce cercle bleu afin de trouver quelques clefs de lecture, permettant d'en comprendre la symbolique.
Avertissement :
Nous sommes là dans un univers maçonnique qui ne répond pas aux fondamentaux du Rite français que nous avons l'habitude de vous présenter dans le cadre de ce blog. Mais nous devrions retrouver de fortes similitudes au niveau des éléments symboliques de base.
Cette partie du tableau représente la Loge, sous ses deux aspects :
1./ l'édifice dont les composants sont désignés par les chiffres de couleur jaune, bordés de noir sur l'illustration ci-dessus et signalés dans le texte en infra sous la forme (1).
2./ la Fraternité (les FF. qui constituent la Loge), dont les éléments sont identifiés par la lettre "α"de couleur jaune, bordée de rouge.
Elle comporte par ailleurs ce qui parait être une construction géométrique que nous étudierons en dernier lieu.
1./ L'édifice
La porte de la Loge :
Elle est matérialisée par les deux colonnes J (2) et B (1).
La colonneJ est à l'intérieur de la Loge, du coté droit en entrant. Elle est figurée par un carré (symbole de la terre) car elle est surmontée d'un globe terrestre.
La colonne B, placée à gauche en entrant dans la loge, est figurée par un cercle (le ciel) car elle surmontée d'un globe représentant la voûte céleste.
Cette porte sépare le monde profane de l'espace intérieur de l'édifice appelé à être sacralisé (symbolique du seuil1). Le monde profane est donc situé en-dessous de la porte (d'où l'inscription : mondo profano).
Orientation de la Loge :
Au centre de la Loge est dessinée une Rose des vents à huit branches (3).
— La rose des vents répond à une symbolique qui remonte à l'Antiquité. Les quatre branches représentent les quatre points cardinaux permettant de s'orienter (de trouver la direction de l'Orient !), de tracer sa route, son chemin et d'éviter de se perdre. Elle figure le monde terrestre (profane). Les huit branches représentaient chez les Grecs, les huit vents : le Mistral, vent du Nord, Le Grecale du Nord-Est, le Levante venant de l'Est, le Marin du Sud-Est, le Scirocco soufflant du Sud, le Libeccio du Sud-Ouest, le Ponant de l'Ouest et la Tramontane du Nord-Ouest. (Symbolique de l'élément air)
Sur le tableau, cette rose des vents représente l'orientation de la Loge avant la sacralisation de son espace. La branche inférieure donne la direction du Nord, l'endroit sans lumière, le monde profane. La branche supérieure indique le sud, la source de la lumière (physique) sur la terre, d'où la mention luz accolée au S (sud).
L'axe la Terre (5) (Axxo da Terra) ou axe du monde, confirme que nous sommes encore dans le monde profane. Il est symboliquement orienté SE-NW2 .
La sacralisation de l'espace modifie l'orientation de la Loge. Elle se traduit par une rotation de 90 ° (un angle droit3), dans le sens dextrogyre (sens des aiguilles d'une montre). Le sens de la rotation répond à une symbolique de création, naissance, vie. C'est la création d'un nouveau monde. Cette rotation provoque quelques modifications :
— l'Est prend la place du Sud. L'axe de la Loge qui était Nord-Sud devient Ouest-Est et se superpose à celui des équinoxes. Symbolique de l'équilibre lumière / ténèbres4. La lumière dans l'espace sacré ne vient plus du midi mais de l'Orient5.
— une bascule de l'axe du monde mais qui demeure toujours SE-NW, rappelant ainsi que l'espace sacré créé reste inscrit dans un univers orienté et organisé. Sur cet axe seront positionnés deux des trois piliers de la Loge6.
Devenue un espace sacré, la Loge est alors représentée par un cercle (4) dont le centre est celui de la Loge qui se superpose à celui de la rose des vents. Sur ce cercle sont positionnés les nouveaux points cardinaux.
à suivre....
rfbb ex tvfbb
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Notes
(la mention TI renvoie à l'ouvrage Trois Pas en Loge Bleue ; la mention T II renvoie à Rite Français, Sens et Symbolique)
1 Symbolique du seuil, T II, p. 68
2. L'inclinaison réelle de l'axe de rotation de la terre avec la perpendiculaire au plan orbital est de 23° 26.
3. Symbolique de l'angle droit, T II p. 110
4. Du rôle de la Lumière dans l'orientation de la Loge, T II illustration p. 149 et p. 153
5. Du rôle de la Lumière dans l'orientation de la Loge, T II p. 151
6. Au Rite français on parlerait de grands chandeliers.
Carte du XVIème siècle. Rose des vents centrale à huit branches
La photo a été prise par notre TRF J:.-L:. T:. dans la salle des pas perdus de la Loge ALGARBE 24, GLLP, temple de ALBUREIRA, Algarve, Portugal. Reconnaissons qu'il était impossible de répondre la question "où ?" sans avoir visité cette Loge !
Vous trouverez ci-dessous la première étape de l'analyse de ce tableau : identification des différents éléments symboliques.
Dans la deuxième étape nous étudierons ce qui concerne le plan de la loge, son orientation, et la construction géométrique (cercle bleu en haut à droite).
Question subsidiaire :
En examinant ce tableau, à quel(s) rite(s) pensons nous ?
A vos commentaires.
Vos réponses par mail à tvfbb à l'adresse habituelle :
Lors de notre dernière Tenue, notre B.A.F. Jérôme V., Premier Surveillant, nous a fait faire un voyage de l’origine de la musique occidentale au siècle des lumières, en nous présentant ce morceau d'architecture intitulé :
La Colonne d’Harmonie,
petites variations à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers
« Au commencement était le verbe, et le verbe était auprès de Dieu, et le verbe était Dieu »
« Il y eut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean »
Jean… Au commencement était la musique, celle de St-Jean le Baptiste fêté au solstice d’été :
Hymne Grégorien à St-Jean-Baptiste > 40’’
Quarante secondes inspirent le moine italien Guido d’Arezzo au tournant de l’an mille. De l’hymne grégorien à St-Jean-Baptiste, il dessine les fondations de la musique occidentale. Cet hymne où chaque phrase musicale monte d’un ton et dont le texte latin du moine Paulus Diaconus (Paul le diacre) représente en acrostiche une phrase :
Ut, ré, mi, fa, sol, la.
Ut queant laxis
resonare fibris
Mira gestorum
famuli tuorum,
Solve polluti
labii reatum.
Sancte Iohannes
Pour que tes serviteurs puissent chanter à pleine voix les merveilles de ta vie, efface le péché qui souille leurs lèvres, Saint Jean
Ensuite, Guido après avoir regardé sa main gauche imagine pouvoir lire la musique sans l’écrire, la main devient harmonique, telle une colonne, cinq doigts comme cinq lignes, Sol, Fa, le solfège, le micrologus de disciplina artis musicae, le micro langage en 1025 va pouvoir se transmettre pendant plus d’un millénaire.
Plus tard au XVIème siècle le musicien Anselme de Flandres ajoutera Si en gardant les deux premières lettres de Sanctus Johannes. D’un Jean à l’autre, le verbe c’est fait musique.
Mais remontons le temps. Mille ans avant notre ère en Israël, il y eu un roi nommé David, le bien aimé, guerrier, musicien et poète, l’alliance de la sagesse, de la force et de la beauté. De la musique, délaissant la flûte préhistorique, David écrivait, composait et louait Dieu accompagné d’un psaltérion. Et se fut le livre des psaumes, le psautier ; cent cinquante poèmes lyriques, une tête de porc en bois, quelques cordes de boyau séché et des ongles affutés. Deux mille cinq cents ans plus tard, le XVIème siècle, la Renaissance, la Réforme, les poètes Clément Marot & Théodore de Bèze traduisent le psautier en langue vulgaire - mais quel beau françois - les compositeurs Claude Goudimel ou Paschal de L’Estocart, entre autres, le mettent en musique - quelles belles polyphonies - pour que le plus grand nombre puisse chanter Dieu, accompagné d’une tête de porc devenue clavecin, d’un orgue positif ou d’un luth, seul ou en assemblée, au culte dominical ou dans l’intimité familiale, à Genève ou à Lyon.
Trois mille et vingt ans plus tard, Après avoir constamment attendu.
Claude Goudimel (1514-1572) > psaume XL > Après avoir constamment attendu > 1’27
Tout cela est très latin, une superposition de lignes mélodiques dans le prolongement de la main du moine Guido, ou plutôt, avec mes excuses, très français réformé, pour la plus grande gloire de Dieu. Mais peut-être manque-t-il une assise, de la rigueur ; passer de l’horizontalité à la verticalité, de la colonne corinthienne à la colonne dorique, de la beauté renaissante à la lumière du XVIIIème siècle, du Sud au Nord, de l’église réformée à l’église luthérienne.
7 avril 1724, église St-Nicolas de Leipzig, les vêpres du vendredi saint. Ce soir on glorifie l’image du Christ, comme souvent chez les luthériens. L’auteur est Jean - l’Evangéliste cette fois - le compositeur est cantor, Jean-Sébastien Bach. Toute la ville est venue pour la première de la Passion. Après le cœur d’entrée et les premiers récitatifs, l’assemblée se lève et entonne avec chœurs, solistes et orchestre, sous la direction du maître de musique, un choral O grosse Lieb, o Lieb ohn alle masse > O amour immense, ô amour sans commune mesure
Johann Sebastian Bach (1685-1750) > Joannes-Passion > O grosse Lieb, o Lieb ohn alle masse > 59’’
Ici tout n’est que verticalité, ferveur et tendresse, harmonie germanique.
1722, deux ans plus tôt, un certain Jean-Philippe Rameau poursuit l’exploration de l’harmonie et ses recherches l’invitent à publier le « Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels ; Par Monsieur Rameau, Organiste de la Cathedrale de Clermont en Auvergne ». Tout est dit…Un traité faisant date, à l’origine de l’orchestre français, où Rameau invente sa célèbre gamme ; les ténèbres du mode mineur, dont la seconde augmentée entre les 6ème et 7ème degrés, le Diabolus in musica, le diable en musique, est gommé pour atteindre la note sensible, la cadence parfaite, le mode majeur solaire. Quelques vingt années avant la consécration de la première loge d’Auvergne, la R\L\ St-Julien à l’Or\ de Brioude en 1744, tout cela est fortement teinté de maçonnerie. Impossible de savoir si Jean-Philippe Rameau fût initié, même si nous pourrions l’imaginer au contact de ses frères librettistes, Louis de Cahusac ou l’auvergnat Jean-François Marmontel entre autres, au regard de quelques opéras Dardanus, les Boréades, Zoroastre, et même les Indes Galantes, ce 28 août 1735 à l’Académie Royale de Musique aux Tuileries, où dans l’entrée des Incas du Pérou, le grand prêtre Huascar nous invite à la nostalgie et à la méditation :
Soleil, on a détruit tes superbes asiles,
Il ne te reste plus de temple que nos cœurs.
Jean-Philippe Rameau (1683-1764) > Les Indes Galantes > Entrée des Incas du Pérou > Air de Huascar > 2’19’’
à suivre...
La suite paraitra dans le prochain article
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Les indispensables sur le Rite français
Trois Pas en Loge Bleue, Usages et Fondamentaux - Tome I
Rite Français, Sens et Symbolique - Tome II
Disponibles chez l'auteur, voir adresse ci-dessous
Permettez-moi de dire quelques mots en préambule à la planche que j’ai l'honneur de vous présenter ce soir.
Cette planche, dans sa première mouture, a été lue en loge le 08.03.90. C'est dire, s’il s'agit d'un vieux travail - mon premier travail en fait en dehors de celui d’apprendre le rituel par cœur - puisque, initié le 21.01.89. Je n'étais donc que très jeune Compagnon.
Conformément à ce rite dans lequel j’étais né en F.M, il ne m'avait été demandé par personne, la rédaction de planches étant « tolérée » et, la lecture n’étant pas rituelle, s’était faite après mise en récréation de la loge.
Cette passion qui est la mienne pour ces étoiles qui nous dominent, nous éclairent, nous interrogent, était ancienne et j'avais aimé, lorsque la Lumière m'avait été donnée, les retrouver comme constituant du toit du Temple ce qui me rassurait. C'est pour ces raisons, que j'avais proposé à mon V.M de l'époque, d'écrire ces quelques mots.
La planche de ce soir, comme toutes celles que j'ai écrites à ce jour, ne se veut donc nullement didactique, exhaustive, scolaire, livresque, que sais-je encore... Elle est le reflet de quelques réflexions personnelles que j'ai envie de partager avec les F.F de notre loge.
Je vous parlerai donc de la Voûte Etoilée, celle qui délimite la grande loge universelle à son zénith, tout comme le pavé mosaïque est sa limite au nadir, témoignant ainsi de l'immensité et de l'universalité de la F.M régulière et pouvant symboliser, par la dispersion et l'alternance plus ou moins ordonnée de leurs différents composants, les aléas bons ou mauvais qui ne manquent pas d'émailler notre vie terrestre.
C'est donc avec un grand plaisir que je vais vous soumettre ce modeste travail dans sa forme quasi-première et dans lequel je n'ai fait que développer un peu le passage concernant COMPOSTELLE pour les raisons que vous devinez aisément (ce travail avait été lu dans la R.L Ultréia, qui tire son nom du mot d’encouragement des pèlerins pour aller plus loin) et ajouter quelques réflexions.
A vous tous, je demande donc toute votre indulgence et toute votre tolérance qu'il sied à un travail en grande partie de compagnon.
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La Voûte Étoilée
Quand la Lumière me fût donnée au cours de la cérémonie de mon Initiation, mon attention fût retenue – entre-autre - par le sombre plafond constellé de la Loge dont je n'avais très certainement pas compris la signification profonde - mais en sais-je vraiment beaucoup plus aujourd'hui ? Toutefois, sa présence avait - pour moi qui aime tant à contempler la beauté naturelle et le calme de la profondeur infinie du ciel, une nuit d'été - quelque chose de familier qui était fait pour me rassurer.
En essayant de réfléchir sur cette voûte étoilée qui, par son immensité, m'a fait si souvent rêver, j'ai eu, certainement, une occasion nouvelle de l'approcher plus près, sous l'angle différent certes de la symbolique, mais qui me permettrait également de mieux la comprendre tant les intrications sont serrées.
La Genèse dans ses versets 14 à 18 de son premier Chapitre, indique que la Lumière "est" depuis le commencement du Monde puisqu'elle fût la première des créations de Dieu et je cite
Puis Dieu dit : qu'il y ait des luminaires dans l'étendue des Cieux, pour séparer la nuit d'avec le jour et qui servent de signes, et pour les saisons, et pour les jours et pour les années
Et qui soient pour luminaires dans l'étendue des Cieux afin de luire sur la terre ; et ainsi fût.
Dieu fit donc deux grands luminaires ; le plus grand luminaire pour dominer sur le jour et le moindre pour dominer sur la nuit ; il fit aussi les étoiles
Et Dieu les mit dans l'étendue des cieux, pour luire sur la Terre
Et pour dominer sur le jour et sur la nuit et pour séparer la lumière d'avec les ténèbres ; et Dieu vit que cela était bon.
En l’espace d’un temps infiniment petit, le Big Bang a tout crée. Cet « accident » - mais en est-ce un ? a été le point de départ d’une dilation qui ne cesse de se poursuivre encore aujourd’hui est qui est à l’origine de tout ce que nous voyons et surtout, de ce que nous ne voyons pas
Les limites de notre Temple sont très chargées symboliquement, puisqu'il est une "re-création" du Monde à l'échelle de l'Homme. Il est donc logique que cette voûte étoilée en délimite sa partie supérieure - comme l'Orient, l'Occident, le Midi et le Septentrion en sont ses côtés et le Nadir son sol. Elle est donc en lieu et place de notre toit et de ce fait elle devient tout naturellement notre protectrice supérieure.
Il est tentant, comme il est fait souvent, de lier le mot « temple » au grec ancien τέμενος(témenos) qui est un champ ou un bois sacré, un enclos réservé aux chefs – ce mot étant issu du verbe τέμνω(témno) qui veut dire « couper ». De même il est tentant de faire de templum la coupure entre le profane et le sacré. Une autre origine possible en ferait un mot pouvant être issu l’indo-européen commun temp que l’on peut traduire par « étendre, étendue, d’où la notion d’espace ». Templum peut également être relié à contemplor ce qui signifie « regarder l’espace, le ciel en vue d’un présage, contempler », qui a très tôt pris un sens religieux. De fait le "templum" désignait un espace sacré et découvert d'où il était possible d'observer l'horizon dans toutes les directions et de là, contempler le Ciel et méditer sur notre condition humaine.
De temps immémoriaux en effet, l'Homme a placé son Créateur - qu'il l’ait appelé Râ, Zeus, Jupiter ou Notre Père, celui qui est aux Cieux, que sais-je encore, cette liste n'étant pas, bien évidemment, limitative - tout là haut, au firmament, dans cette voûte céleste dans laquelle sont plantées, comme épinglées pour toujours, des étoiles en nombre incommensurable. On parle de milliards de milliards d’astres célestes.
En y plaçant notre Dieu Créateur, quelle meilleure protection l'Homme pouvait-il souhaiter avoir de plus ?
C'est très certainement cette notion d'infini qui a frappé l'imaginaire collectif - et tout au moins le mien - et qui a contribué à cette attirance que nous avons tous plus ou moins et qui nous fait tourner nos regards vers ce ciel pour y chercher auprès de Dieu, une aide efficace dans toutes nos entreprises avouables mais aussi consolation et protection lors des périodes difficiles qu'il nous arrive de traverser dans notre vie comme cela nous est recommandé dans l'Exhortation du premier grade du rite Émulation.
Aussi pouvons-nous nous interroger pour chercher à comprendre pourquoi, de temps immémoriaux, l'homme s'est-il efforcé d'essayer de regarder toujours plus loin dans cet infini supérieur, sans limite pour l’esprit de notre petite personne, bien qu’encore limité pour nos instruments d’optique.
Les progrès de la Science font qu'à ce jour notre "vue" perce, à l'aide d'instruments de plus en plus sophistiqués, à près de quinze milliards d'années lumière et malgré tout l'on cherche toujours à en construire d'autres de plus en plus performants pour aller encore et toujours plus loin. Mais jusqu’où ? Le mur de Planck contre lequel notre physique bute encore, sera-t-il franchi un jour ?
Ne serait-ce pas que, dans cette quête, nous cherchons, consciemment ou non, que l'on croit ou non en un Grand Architecte de l'Univers d'ailleurs, à rattraper notre Création et le Big-bang et même peut-être à le dépasser, pour connaître l'avant qui est derrière l'explosion originelle qui a donné la vie, ce qui nous permettrait - peut être - de savoir d'où nous venons et pourquoi pas, par Qui avons-nous été conçus ?
Mais, cet espace qui est donc d'une profondeur sans limite ou presque - en tout état de cause ses limites dépassent de beaucoup l'imaginatif humain, cet espace donc apparaît pourtant à nos yeux, dans la réalité et encore plus dans notre Temple, d'une platitude étonnante.
Cette notion de relief qui disparaît de notre vue, nous donne une certaine idée d'Egalité : lorsque l'on regarde le ciel, les étoiles se touchent ou presque. Quelle que soient leurs tailles réelles, à l’œil nu, elles apparaissent de grandeurs quasi égales et d'éclat peu différent les unes des autres. Rien ou presque ne différencie plus là-bas, l'infiniment grand de l'infiniment petit. Et pourtant quelle différence entre le quark, poussière d'électron et l'Univers dans son immensité sans fin – ou presque, le terme de fin étant conçu dans son acception de longueur - et qui continue de se dilater. Quel vertige nous saisit alors en essayant d'imaginer le gouffre qui les sépare. Cela relativise, oh combien ! les petits problèmes des petites vies de nos petites personnes.
Il est par ailleurs curieux de constater que cet espace infini ne nous apparaît clairement dans toute sa splendeur que dans le noir profond de la nuit, à l'heure qui n'est plus au travail matériel terrestre, et non en pleine lumière. Bien sûr, il existe une explication tout à fait scientifique à cela, mais ne pourrait-on pas y voir également le symbole qu'une vérité peut également surgir des ténèbres les plus épaisses alors que la pleine lumière peut nous la cacher en nous éblouissant.
Et plus la profondeur des ténèbres s'accroît, mieux nous pouvons distinguer d'astres et plus ils nous paraissent nombreux. Mais pour cela il faut savoir attendre, patienter et prendre tout son temps pour les rechercher là où l'on n'avait pas pensé trouver. Cela aussi est une grande leçon d'humilité. Combien de qualités sont-elles ainsi cachées chez l'autre que nous ne voyons pas. Peut-être par négligence ? Peut-être par manque de temps ? Peut-être pas égoïsme ?
L'observation des étoiles nous permet d'assister à un ballet extrêmement bien réglé, témoignant d'une régularité parfaite que nos plus grands savants ont réussi à expliquer par des équations tellement compliquées que l'on ne peut imaginer que cela ne peut relever que de la main d'un architecte autre que supérieurement doué.
Ces étoiles ont pu seules dans les temps anciens, servir de guide aux grands voyageurs à la surface de la terre, puis sur les mers. Les Normands, grands navigateurs s'en servaient il y a des millénaires. Mais également, maintenant, nos satellites artificiels habités ou non.
Plus symboliquement, n'est-ce pas l'une d'entre elles qui a guidé les Rois Mages jusqu'à la grotte de Bethléem il y a un peu plus de 2000 ans ?
Et j’aimerais dire un mot sur ST JACQUES de COMPOSTELLE. Même si ce nom garde, à bien des égards, des mystères quant à son étymologie, puisque plusieurs possibilités sont proposées, une des plus plausibles, car liée au légendaire primitif, serait campus stellæ qui signifie le champ de l'étoile, la voie lactée qui du ciel de FRANCE nous dirige vers un lieu bien précis marqué d'en haut. De fait tous les chemins de COMPOSTELLE allant de la mer du Nord au Perron de Saint Jacques, paraissent être la projection au sol de ce chemin d'étoiles et constituent une voie initiatique unique. De même la voûte étoilée nous conduit-elle de l’occident vers l’orient.
Une enluminure du 15ème siècle contenue dans les Grandes Chroniques de Saint-Denis nous montre un saint portant une escarcelle frappée d'une coquille - qui prit le nom de "coquille Saint Jacques" - et qui apparaît à CHARLEMAGNE, lui enjoignant de délivrer la VOIE, en suivant la voie lactée qui recouvre le ciel et trace la route qui conduit jusqu'à ST JACQUES de COMPOSTELLE.
On peut aussi laisser errer notre imaginatif et rêver. Ces étoiles, ne seraient-elles pas un peu les yeux de notre Créateur qui observerait nos actions tout au long de notre vie ?
Et, pour certaines, il est évident qu'elles sont nos mères : en effet si l'univers est vieux d’un peu moins de 15 milliards d'années, ce qui est communément admis à l'heure actuelle, notre système solaire n'est vieux que d'à peine 5 milliards d'années. Il est né de l'agglomération de poussières d'étoiles bien plus anciennes qui ont essaimé leur matière lors de leur déflagration en supernovas qui a présidé à la mort de celles-ci. Nos molécules, ou tout au moins nos atomes, voire nos particules infra-atomiques, existaient donc avant que notre Terre ne soit. Aussi pourrions-nous voir en elles notre double cosmique.
Elles ont pu, pour certains, être également considérées comme
. les âmes de nos ancêtres défunts qui errent dans l'infini spatial tout en continuant à veiller sur nous du plus loin qu'ils se trouvent,
. voire comme des anges qui descendraient et monteraient le long de l'échelle de Jacob, échelle que l'on retrouve sous d'autres noms dans nombres de croyances : échelle du Ciel empruntée par Amaterasu rapportée dans le Shinto ou celle par laquelle Bouddha descendit du mont Meru.
En cherchant cette relation entre la Terre et le Ciel, en essayant de communiquer avec l'En-haut, l'Homme a voulu tenter de diminuer ses angoisses créées par notre triple recherche du qui suis-je ? d'où viens-je ? et où vais-je ? Cela perdure encore actuellement.
Ce besoin de communication Ciel - Terre, nous le retrouvons un peu dans le fil à plomb qui est appendu à la voûte étoilée, au centre de certaines de nos Loges travaillant à d'autres rites que le nôtre. Il est conçu comme l'intermédiaire entre nos petites personnes et l'infini et Dieu qui l'emplit.
Aussi nous rassure-t-il, nous indiquant que, peut-être, ce cordon ombilical qui pourrait symboliser le lien qui nous réunit au Créateur, n'est pas totalement et définitivement coupé à jamais. Il reste notre antenne réceptrice mais également notre émetteur en direction de cet infini où il fait entendre les cris de nos plus profondes angoisses.
Ces étoiles peuvent aussi symboliser l'ensemble de nos connaissances qui sont devenues avec le développement de la science, plus qu'innombrables. Mais il ne faut pas oublier que c'est une vacuité extrême qui entoure les étoiles et qui, de fait, emplit l'univers de néant dans sa quasi-totalité. Peut-être est-ce de la matière noire, encore hypothétique car non détectable, mais qui est soupçonnée par nos têtes chercheuses.
Tout cela doit nous ramener à une plus juste estimation de ces dites connaissances. La vérité d'hier n'est pas celle d'aujourd'hui et encore moins celle de demain, mais qui ne sera jamais - peut-être - la Vérité avec un grand V qui, elle, est d'ailleurs, de tout là-haut.
C'est pourquoi nous pouvons nous demander si, à l'image ce vide intersidéral qui ne sera - peut-être - jamais totalement comblé, nous pourrons quant à nous, venir à bout de l'immensité de nos lacunes : cela est fort douteux et cette Vérité avec un grand V, la seule, nous ne la trouverons certainement pas dans ce monde terrestre et matériel mais dans l'Au-delà, là où demeure et règne le Grand Architecte de l'Univers. Existe-t-il ? D’aucun y croît, d’autres doutent, d’autres enfin le nient. C’est un long débat dans lequel je ne me hasarderai pas. Simplement j’ai noté :
. qu’Einstein, sur la fin de sa vie, avait reconnu qu’il ne pouvait pas ne pas exister un Être Créateur pour arriver à la perfection de cet univers, mais sans en donner l’identité,
. et que Stephen Hawking, qui a consacré sa vie entière à essayer de comprendre les mécanismes de la création de l’univers et de son évolution, dans son livre post-mortem « Brèves réponses à de grandes questions » tout en niant, dans un premier temps, son existence dans le chapitre « Dieu existe-t-il », faisait référence dans presque tous les autres chapitres, à ce que j’ai pu comprendre, comme étant un principe créateur.
Alors de quelle meilleure couverture donc pouvions-nous rêver au-dessus de nos têtes lors de nos tenues ? Quelle meilleure protection que celle de la demeure de l'Eternel d'où beaucoup de signes nous permettent de croire, ou nous laissent à penser, que nous en venons et que nous y retournerons à jamais pour veiller à notre tour, sur nos Frères et nos Sœurs à venir.
Voilà, Très Vénérable, les quelques réflexions que m'ont inspiré cette voûte étoilée.
Mais je n'aimerais pas terminer sans une touche de poésie en citant la dernière strophe de "Booz endormi" de Victor Hugo
".....................................et Ruth se demandait,