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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 11:36

Mais jours, saisons et années ne permettaient toujours pas de se situer avec précision dans le temps. Il faut dire qu'en donnant un rendez-vous une nuit ou un jour de la saison froide de l'année en cours rendait peu probable la certitude de rencontrer l'ami, l'être cher, le collègue de travail, qui sais-je encore ?

Faut-il rappeler que pendant des millénaires l'humanité a vécu ce que les philosophes ont très vite nommé le temps sans chercher à le définir. Il est par-contre apparu très rapidement nécessaire de le mesurer, ne fut-ce approximativement dans le cadre des activités sociales quotidiennes ou annuelles, l'écoulement du jour et de la nuit, celui des saisons, ne suffisant plus à cette fin. Aussi l'homme s'est-il mis en devoir de chercher à mesurer le temps de façon plus précise. Pour ce faire, il construisit des instruments de plus en plus sophistiqués. La mesure du temps allait occuper une place tout à fait importante dans l’histoire de l’humanité.

Je survolerai quelques grandes étapes. Ainsi vit-on apparaitre

               - Le gnomon, vers 2400 avant J.C, chez les égyptiens et les chaldéens, a permis la première mesure du temps. C’était un simple piquet planté verticalement dans le sol projetant son ombre vers une direction différente selon l'heure. Il indique correctement le midi quand son ombre se dirige au nord. Mais la direction de l’ombre pour une autre heure du jour dépendait souvent de la saison, en fonction des trajectoires du soleil.

               - A partir de 1500 avant J.C, environ est apparue en Egypte, la clepsydre dont le nom vient du grec et qui signifie « voleuse d’eau ». En effet, il s’agit d’un récipient percé dont de l'eau s'écoule et qui comporte à l’intérieur des graduations permettant de mesurer des intervalles de temps. D’Egypte, elle passa en Grèce puis chez les romains environ un siècle et demi avant J.C. Mais cet instrument restait tout de même très imprécis et ne fonctionnait pas par grand froid. Cependant, elle fut maintes fois perfectionnée jusqu'au XVIIIème siècle pour donner naissance à de véritables horloges à eau.

               - A noter que le sablier qui fonctionne sur le même principe par écoulement de sable est moins précis que la clepsydre mais a l'avantage de fonctionner par grand froid. Il est cependant fiable et peu coûteux ; c'était l'instrument le plus répandu du XIVème au XVIIème siècle. Il était utilisé essentiellement pour des durées courtes dans la marine, notamment.

      - Parallèlement à la clepsydre, on vit apparaitre le cadran solaire chez les Chaldéens. Il est le perfectionnement du gnomon. Des marques tracées sur leur surface plane représentaient chaque heure de la journée. Pendant son déplacement, l’ombre du soleil tourne autour du bâton dans le sens horaire, sa position étant utilisée pour noter le temps. Il faut noter que c'est ainsi que s'est fait le choix du sens des aiguilles d'une montre.

               - Les premières horloges mécaniques apparaissent à la fin du XIIIème siècle. L'énergie nécessaire au fonctionnement de l'horloge est fournie par la chute d'un poids ce qui met les aiguilles en rotation. La première horloge électrique d'Alexander Bain apparaitra en 1840, l’horloge atomique en 1953 qui est l’instrument de mesure du temps le plus précis à ce jour et, sur le plan pratique, la montre à quartz vers 1968.

         Ces instruments de plus en plus précis permirent de définir les heures, les minutes, les secondes et les fractions de secondes jusqu’à la nano- seconde.

         Il me faut dire un mot sur les pourquoi des 12 mois dans une année, des 24 heures dans la journée, des 60 minutes par heure et des 60 secondes par minute. Il nous faut remonter à nos ancêtres babyloniens, quelques 3.000 ans av. J.-C, qui pensaient le temps circulairement et non linéairement eux qui comptaient en base 60. Ils ont choisi de découper l'année en 12 mois de 30 jours, se basant sur les cycles lunaires et la période de révolution de la terre autour du soleil, ainsi que sur leur façon de compter sur les phalanges des doigts avec leur pouce. C'est donc tout naturellement qu'ils ont également trouvé 360 divisions - 12 × 30 = 360 jours par an, correspondant également aux 360 degrés du cercle. Par ailleurs, ils ont divisé la journée en 6 périodes : 3 pour le jour et 3 pour la nuit. Plus tard, par souci de précision, les savants divisèrent ces 6 périodes en 12, puis en 24 sous-périodes, soit 24 heures. Le cercle de 360° était divisé par les 6 périodes dont je viens de parler ce qui permettait d’obtenir 60, ce 60 qui est la base de numération des heures, mais également des minutes et des secondes.

Ces unités de temps sont fort bien définies tels des étalons. Cependant, malgré tous ces instruments de précision nous sommes nombreux, en vieillissant, à constater que le temps, bien que nous le sachions immuable et régulier, passe de plus en plus vite. "Je n'ai pas vu passer cette année" entend-on souvent autour de nous et ce d'autant plus que celui qui le dit, est âgé. J'ai peut-être une explication qui ne vaut que ce qu'elle vaut mais je ne résiste pas à vous la donner. En plus des unités de mesure bien définies dont je vous ai entretenus, il est une unité de mesure du temps, inconsciente et oh combien variable qui est celle de notre vie et qui ne connaît d'autre étalon pour chacun que la durée de sa vie personnelle. Je m'explique. Lorsque nous avons 3 ans, la quatrième année de notre vie représente un tiers de notre vie passée. C'est long un tiers d'une vie. Mais à 70 ans, notre soixante et onzième année ne représente plus que le un soixante-dixième de notre vie et ce qui est peu et donc ressenti plus court. Ceci est à rapprocher à ce qu’a écrit

                   - Éric Tabarly dans « Mémoires du large » : « Le temps se rétrécit ou semble s'accélérer à mesure qu'approche la date du but à atteindre ». On peut penser à l’escale mais aussi à la mort.

                   - Danielle Thompson dans « Fauteuil d’orchestre » : « Un jour, le temps qui passe, ça devient le temps qui reste ».

Millénaires, siècles, années, jours, heures, minutes, secondes, dixièmes, centièmes, millièmes de seconde étant ainsi bien définis… Nous n'avions plus d'excuses pour justifier nos retards.

Il nous faut remarquer que contrairement aux autres unités comme le mètre, le kilogramme… par exemple, il ne nous est pas possible de faire un retour en arrière dans le temps autrement que par la pensée. En effet, on peut, facilement, revenir d'où l'on vient en faisant marche arrière ou demi-tour, raccourcir la longueur d'un objet, perdre quelques kilos en faisant un régime mais il nous est impossible de revenir physiquement à hier et encore moins à nos vingt ans, sauf en rêve, peut-être parce qu'il y aurait trop de demandes mais aussi et surtout parce que le temps n'a qu'une direction seulement dirigée vers l'avant ce que d'aucun voudrait appeler le « progrès ». Certes on peut réduire la durée d'une action, d'un parcours en jouant de l'accélérateur, mais le temps passe, telle une Delage de nos grands-parents, toujours aussi rapide et silencieux, à son rythme bien à lui que rien ni personne ne pourra modifier tout au moins avant le Big Crunch, figure en miroir du Big Bang, fin du monde où tout l’univers sera réuni dans une tête d’épingle et où tout sera immobile entrainant ipso facto la fin des temps et même la fin du temps tout court. Peut-être pourrions-nous nous donner rendez-vous dans 13 à 15 milliards d’années pour en reparler. Le temps présente donc une similitude étonnante avec la vie qui, elle non plus, ne tolère aucun retour en arrière.

Ce temps apparemment si simple mais aussi si complexe, a conduit nos semblables à philosopher à son sujet.

Qui sommes-nous ? d'où venons-nous ? où allons-nous ? Ce sont les grosses questions existentielles que s'est posé l'homme depuis la nuit des temps. Énigmes impossibles à résoudre car tout est question de temps et celui-ci, c'est bien connu, change sans arrêt puisqu'il n'est déjà plus le même entre le début de ces trois interrogations et le point final du même nom. La seule certitude est qu’« à peine sortis du berceau nous sommes allés faire un saut au boulevard du temps qui passe » (Brassens) et que le temps passé ne se rattrape pas.

         C’est pourquoi, le temps, en ce qui concernait sa nature et non seulement ses manifestations, est devenu un objet d'étude pour les premiers scientifiques. Mais très vite, ils ont compris qu'ils étaient incapables de le comprendre ou l'expliquer, contrairement par exemple à la force de gravité. Et aujourd'hui il en est dramatiquement de même. Le temps est bien décrit par les principales théories physiques, mais ces descriptions ne correspondent aucunement à notre intuition de ce qu'est le temps.

Ce temps, énigme de la vie de l'homme - peut-être la seule vraie énigme, avec la vie (encore une similitude) que nous ne résoudrons jamais, nous a donc préoccupés de longue date donnant lieu à nombre d'interrogations et de réflexions de par le monde.

         Citer tous ceux qui ont pensé le temps ou à propos du temps et j’exploserai mon temps de parole. Très loin d’être exhaustif, je limiterai donc mon choix à quelques citations empruntées ici et là à des auteurs variés.

                   - Il y a ceux qui constatent et déplorent l’inexorable écoulement du temps comme

                          . un proverbe sanskrit : « Les humains disent que le temps passe. Le temps dit que les humains passent »     

                          . à rapprocher de « O tempora o mores » de Cicéron

                          . un proverbe hindou : « La main sert à tout sauf à retenir le temps ».

                          . Platon : « Le temps est l’image mobile d’une éternité immobile ».

                          . Pierre de Ronsard : « Le temps s’en va, le temps s’en va Madame. Las ! Le temps non, mais nous nous en allons »

                          . René de Chateaubriand : « Ce n’est pas l’homme qui arrête le temps, c’est le temps qui arrête l’homme ».

                          . Nadine de Cintas : « Nul ne peut donner du temps au temps »

                          . Mike Resnick : « Il y a un temps pour tout, un temps pour naitre, un temps pour grandir, un temps pour mourir ».

                          . Jean Giraudoux dans les dialogues de sa pièce Andromaque :

                                  . Andromaque : « Je ne sais pas ce qu’est le destin »

                                  . Cassandre : « Je vais te le dire. C’est simplement la forme accélérée du temps. C’est épouvantable ».

                   - D’autres lui trouvent des vertus

                          . Voltaire : « Le temps adoucit tout »

                          . Léo Ferré : « Avec le temps, avec le temps, va, tout s’en va, on oublie le visage et on oublie la voix ».

                   - Mais d’autres sont moins tendres mais non moins objectifs

                          . Berlioz, cher à notre Premier Surveillant : « Le temps est un grand maître, le malheur est qu’il tue ses élèves ».

                            . Werner Aspenström : « Le temps ne cicatrise pas les outrages du temps ».

                            . Encore Léo Ferré : « La mort est délivrance, elle sait que le temps quotidiennement nous vole quelque chose, une poignée de cheveux, l’émail de nos dents ».

                   - Enfin certains le prennent de façon plus détachée, quasi humoristique

                            . Jules Renard : « Il n’y a que le temps qui ne perde pas son temps.

                            . Jean Amadou : « Ne laissez jamais du temps au temps, il en profite ».

                            . Grégoire Lacroix : « Le temps passe. D’accord. Mais il n’a pas de mérite, il n’a que ça à faire ».

Mais il est tard, trop tard. « Trop tard » ces deux petits mots pour nous dire que le temps n’est pas à notre disposition. Je m’incline donc.

Que vais-je retenir de ces quelques feuillets et en quelques mots ? S’il le faut, je ne retiendrai que seuls le temps, la vie et la mort, qui avancent droit devant à marche forcée, ne connaissent pas de retour. Rien d’autre ? C’est peu me direz-vous. Permettez-moi de vous répondre que je pense le contraire. Le temps, la vie, la mort, ce n’est pas peu, c’est la destinée de tout être vivant, la nôtre.

Voilà mes F.F beaucoup (beaucoup trop peut-être ?) de temps a passé depuis que j'ai commencé mon exposé. Mais l’infinité du temps n’est pas facile à résumer en quelques lignes et encore moins en quelques mots.

Alors je vais me dépêcher de conclure car comme l'a si bien dit un autre grand philosophe français contemporain, j'ai cité un ancien premier ministre, Raymond Barre ! "quand l'heure est arrivée, le moment est venu"...et je rajouterai, le moment est venu pour moi de terminer mon travail.

Et n’oubliez pas un sage conseil mes F.F « carpe diem » !

J'ai dit    TVF J-P B

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