Mozart en Loge, tableau réalisé par un auteur inconnu vers1790, Musée de Vienne. Mozart est assis en bas à droite à coté d'Emanuel Schikaneder, auteur du livret de "La flûte enchantée.
Suite ...
Un demi-siècle plus tard en Autriche, le 5 décembre 1784, le Secrétaire de la R\L\Zur Wohlthätigkeit, La Bienfaisance, fait parvenir une invitation pour l’initiation du Kapellmeister Mozart aux LL\ sœurs de l’Or\ de Vienne. Mardi 14 décembre, Wolfgang Amadeus Mozart frappe à la porte de la maison tout près de chez lui, la maison « Zum rothen Krebsen » - Aux écrevisses rouges – ça ne s’invente pas !!! Il y reçoit la lumière comme apprenti franc-maçon au rite de la Stricte Observance ; ancêtre du Rite Ecossais Rectifié. Un mois plus tard, le 15 janvier 1785, il dédicace et interprète à son ami compositeur et frère Joseph Haydn, son dernier quatuor à cordes. C’est une répétition générale. Mozart est à l’alto, son père Leopold Mozart et Karl Ditters von Dittersdorf aux violons et Jean-Baptiste Vanhal au violoncelle. Pour la seule et unique fois de ses 23 quatuors, il commence par un mouvement lent, adagio, inquiet, sombre, ténébreux, dissonant, en ut mineur. Avec ses 3 bémols à la clef, il ouvre une porte, celle de la franc-maçonnerie pour atteindre la grâce, l’allégresse, cet allegro apaisé, lumineux, solaire, consonnant en UT Majeur, la tonalité de Dieu.
« La Franc-Maçonnerie est une Fraternité initiatique qui a pour fondement traditionnel la foi en Dieu, Grand Architecte de l’Univers ».
Passer de la dissonance à la consonance est la première règle en harmonie. Le soir même du 15 janvier 1785, pour la R\L\ La Bienfaisance, voici la première entre frères du Quatuor des Dissonances. Le B\A\F\ Mozart taille une colonne d’harmonie inégalée dans l’histoire de la musique et livre de sublimes impressions d’initiation.
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) > Quatuor en Ut Les dissonances > Adagio-Allegro > 2’55’’
« Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,
Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître. » (Corneille > Le Cid)
Et des coups de maître, en lien avec notre franc-maçonnerie, le Frère Wolfgang en composera jusqu’à l’Orient Eternel ; le trio des quilles, la musique funèbre maçonnique entre autre, ou ses trois dernières œuvres, l’aristocratique Clémence de Titus, la populaire Flûte enchantée et le divin Requiem.
Vous l’aurez compris mes FF\, si d’aucuns pensent que la musique n’a pas sa place dans nos tenues, elle apparaît la première fois en 1723, dans le chansonnier en annexe des constitutions d’un certain Anderson. Il reste alors tant et tant à chercher et à découvrir. Prenez un exemple : Outre qu’ils étaient musiciens, quel point commun existe-t-il entre Mozart père et fils, Haydn, Guénin, Boieldieu, le Chevalier de St-George, Johann Christian Bach, Rouget de L’Isle, Liszt, Wagner, Verdi et plus près de nous Sibelius, Gershwin, Copland, Barber, Nat King Cole, Louis Armstrong, Duke Ellington, Count Basie, John Coltrane, Lionel Hampton ? Bien sûr la liste n’est pas exhaustive. Je vous laisse chercher !
Pour conclure, la colonne d’harmonie, dont le terme apparaît en 1840 dans les registres du G\O\D\F\ est une colonne invisible. Pas de rituel pour rigidifier son socle, pas d’ordre pour classifier sa forme, juste la liberté ; la liberté de chaque maître, compagnon ou apprenti au pupitre, pour laisser la force du langage universel nous entourer, porter la beauté de nos tenues et chercher dans la sagesse de l’expression, de l’interprétation, de notre propre intérieur, la voix du cœur, cet égrégore, ce chant que St-Grégoire le grand nous a légué par ces mots : « La musique élève les âmes vers Dieu ».
Et c’est bien Dieu et les anges qui doivent être charmés après avoir reçu la soprano qui a bercée mon enfance ; Bon voyage Madame Jessye Norman, votre si belle voix restera immortelle…
Anonyme populaire écossais ou irlandais > Amazing Grace > Jessye Norman > 3’18’’
Jérôme V:.
Pour les FF:. de la R:.L:. Michel-de-L’Hospital à l’Orient d’Aigueperse
Le 30ème jour du 7ème mois de l’A:.V:.L:. 6019
Références discographiques
1- Hymne grégorien à St-Jean-Baptiste / Youtube > interprété par Janton
2- Goudimel / psaume XL / Après avoir constamment attendu / CD Harmonia Mundi > Psaumes de la réforme par l’Ensemble Clément Janequin
3- Bach / Joannes-Passion / Choral : O grosse Lieb, o Lieb ohn alle masse / CD DHM > St John’s Passion par la petite bande
4- Rameau / Les Indes Galantes / Entrée des Incas du Pérou / Air de Huascar / CD Harmonia Mundi > Les Indes Galantes par Les Arts Florissants
5- Mozart / Quatuor en Ut Les dissonances / Adagio-Allegro / CD Naïve > Les six quatuors dédiés à Haydn par le quatuor Cambini
6- Anonyme populaire écossais ou irlandais / Amazing Grace / CD Philips > Airs sacrés par Jessye Norman
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Les indispensables du Rite français
Trois Pas en Loge Bleue, Usages et Fondamentaux - Tome I
Rite Français, Sens et Symbolique - Tome II
Disponibles chez l'auteur, voir adresse ci-dessous
A la suite du tome I "Trois Pas en Loge Bleue"sur les fondamentaux du Rite français, nous avons le plaisir de vous informer de la parution du tome II consacré à la symbolique du même rite, sous le titre : "Rite Français, Sens et Symbolique"
« Dans ce deuxième opus sur le Rite Français, l'auteur s’est attaché à décrypter le sens des Tenues. Il nous propose par ailleurs une analyse verset après verset, du Prologue de l’Evangile selon saint Jean, avant d’aborder l’ésotérisme de la cérémonie de réception au premier grade. Il nous révèle comment il a découvert la symbolique maçonnique et en particulier celle de son Rite préféré. »
L'ouvrage est préfacé par le TRF GMP d'Auvergne.
Il est disponible chez l'auteur.
Tous renseignements auprès de l'auteur à l'adresse habituelle :
Traçons J, centre du cercle circonscrit au triangle ABC ;
nommons le C3 ; traçons l’heptagone à partir de ces 4 points,
nommé KLMNOPQ, où K est l’intersection de C3 avec la médiane ;
l’heptagone est bien sûr inscrit dans C3 ; K est B ; NO est le mur occidental.
3, 5, 7 : les nombres de la loge et la construction du mur de l'occident par lequel nous rentrons.
NB : J est bien sûr le centre du cercle circonscrit au triangle équilatéral ABC et à l’heptagone KLMNOPQ
à suivre ...
Merci à notre F:. Ch. O. T.
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"Trois Pas en Loge bleue"
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Travail d'un Compagnon qui, sur proposition du Premier Surveillant, se prépare à subir les épreuves pour être élevé au sublime grade de Maître maçon.
Travail présenté devant les Maîtres de la R:. L:. Trusatiles (Rite Français).
A la gloire du Grand Architecte de l’Univers, Très Vénérable et vous tous mes Bien Aimés Frères, je vais vous dire ce que j’ai trouvé sur la colonne du Midi.
Après avoir changé de colonne, j’ai découvert de nouvelles perspectives du temple et mon œil a été attiré par le bijou du premier surveillant : le niveau.
Avec le fil à plomb du deuxième surveillant je me suis verticalisé ; cette verticale est la conscience de soi, permettant ensuite la connaissance de soi. Je me suis déplacé au sud et j’accède à cette nouvelle dimension horizontale. L’horizon. Quelles questions se posent au loin ? Quels nouveaux outils peuvent m’aider à travailler ? Et quel chemin ai-je parcouru ?
Profane
Nous sommes tous restés immobiles, un peu interdits, devant cette ligne du lointain. Julien Gracq écrit dans les Carnets du Grand Chemin :« Rarement je pense au Cézallier, à l’Aubrac, sans que s’ébauche en moi un mouvement très singulier qui donne corps à mon souvenir : sur ces hauts plateaux déployés où la pesanteur semble se réduire comme sur une mer de la lune, un vertige horizontal se déclenche en moi qui, comme l’autre à tomber, m’incite à y courir, à perte de vue, à perdre haleine ».
J’y ai pour ma part recherché spontanément la sérénité. En ville, l’horizon est difficile à voir. C’est peut-être la raison pour laquelle les tourments de la vie, les errances personnelles, les questions sur l’avenir - et les peurs qui vont avec - m’envoyaient dans des promenades solitaires en campagne qui m’apaisaient. Il y avait le silence, le rapport avec la nature sauvage, mais aussi cette ligne au loin, qui mourait derrière à mesure qu’une nouvelle naissait devant moi. Ce « vertige horizontal » était une véritable thérapie.
Que l’on cherche à atteindre cette ligne et l’on finira par arriver sur un littoral. Si les promenades en campagne sont sources de calme, l’océan est chez moi un rêve d’aventures. Je n’ai jamais imaginé gravir l’Everest, mais que de navigations transocéaniques n’ai-je réalisées dans mon imaginaire. Immobile devant les rouleaux se brisant sur les rochers, je reste des heures entières sans vraiment savoir pourquoi, hypnotisé.
Cette ligne d’horizon a obsédé les peintres. A travers la bibliographie que m’a donnée Bernard, c’est le dessin qui m’a fait réfléchir. Les différents paysages maritimes de Courbet ont des points communs : le ciel est menaçant, la mer hostile - Cézanne dira que « sa marée vient du fond des âges » -, et il existe au premier plan une déferlante dont le sommet vient au contact de la ligne d’horizon, la dépassant parfois. Il semble que la noirceur du ciel soit accordée à la violence de la mer et que cette vague nous pointe l’horizon.
En essayant de comprendre tout ce qui a pu m’arriver depuis des années face à cet horizon, je retrouve la définition du Littré : « ligne circulaire, variable en chaque lieu, dont l’observateur est le centre et où le ciel et la terre semblent se joindre ». Je suis le centre d’un monde sensible. Il y a mes craintes, mes joies, mes peurs ; je construis des plans sur l’avenir, essaie de trouver des solutions, et arrive à gérer les émotions qui me submergent. C’est mon moi intérieur, mélange de quotidien concret et de tempêtes de sentiments. Mon corps.
J’essaie d’avancer encore, d’aller toucher cette ligne de fuite. Je m’imagine en bateau au large. Il n’y a plus de terre ; seulement le ciel et la mer. Je visualise le cercle qui se déplace autour de moi. Comment mes nouveaux outils peuvent-ils m’aider ?
La Vague, Gustave Courbet, 1869/1870
Symbolique (étoile, 5, G / pierres)
Selon le rituel du compagnon, l’Etoile flamboyante est l’« emblème du génie qui élève aux grandes choses …/… le symbole de ce feu sacré, de cette portion de lumière divine ». La lettre G en son centre est le « monogramme d’un des Noms du Très Haut …/…résulte de ce qu’on explique par le mot Géométrie».
Voilà le cœur du sujet pour moi. Il se trouve que, passionné d’architecture, je m’amuse à dessiner des maisons depuis 30 ans. De la forme extérieure aux matériaux de construction, tout ce qui concerne la construction me captive. Avant mon augmentation de salaire, j’ai travaillé pendant des mois sur un plan de maison pentagonal (qui est le coeur de l’étoile, chacune des branches naissant sur chaque côté). C’est passionnant : on retrouve de nouveaux repères dans cette figure très rationnelle et très complexe où les proportions d’or sont omniprésentes. Après des mois de dessin j’avais toujours l’impression d’en être aux balbutiements. La géométrie atteint là une dimension divine.
Au milieu de l’océan, le marin imaginaire que je suis utilise la vue : je navigue grâce aux étoiles et au sextant. Faute de repères terrestres, c’est le ciel qui me guide. J’ai conscience de cet horizon qui apparaît : c’est un futur parmi plusieurs possibles.
La somme de ces possibles me dépasse ; je ne les vois pas tous. Je n’ai pas le temps terrestre nécessaire pour tous les explorer, car ce temps terrestre est par essence limité.
Pourtant, l’observation des étoiles nous permettra d’établir un calendrier perpétuel. Et l’étoile, symbole d’infini, établira ainsi des cycles dans notre vie.
En voyant le ciel et la terre qui se rejoignent, On me dit donc ce que je ne sais pas, On me montre l’invisible. J’explore mon inconscient, et je comprends que l’éternité est céleste.
Le livre transmis par Philippe lors de mon passage au grade de compagnon m’a permis d’approfondir mes connaissances. Le pentagone est inscrit dans un cercle ; en dessinant les rayons des 2 extrémités d’un côté et du sommet opposé on obtient un gamma, lettre grecque correspondant au hiéroglyphe égyptien sekhenet, signifiant « pilier du ciel », qui porte la treille de la vigne et le mât transversal du pavillon d’Anubis. La forme même de la lettre remplit cette fonction de soutien (alors que le gamma majuscule a une forme d’équerre).
Selon la Kabbale, les 2 branches représentent d’un côté la rigueur, la droiture et de l’autre l’amour, la générosité. Ces valeurs sont complémentaires : il y a le réfléchi et le spontané, le rationnel et l’émotionnel. Elles nous permettent de vivre pleinement notre destin et ainsi de rayonner.
On retrouve aussi ces cinq côtés dans les rosaces des vitraux de nos cathédrales, à travers lesquels les rayons du soleil illuminent l’intérieur de l’édifice. D’une autre manière on peut y voir le lien entre le céleste divin et le terrestre mortel.
Le g est le symbole de la gravité terrestre qui nous fait tenir debout, vertical sur terre. Celui-ci me rappelle mon précédent travail sur cette verticale qui permet à l’homme de progresser dans la connaissance et de s’élever. L’étoile flamboyante, c’est l’homme libre et accompli, remplissant ses devoirs, qui reçoit la lumière divine guidant ses pas.
J’ai dégrossi, poli la pierre brute, et suis arrivé à la pierre cubique « symbole des soins que se donne l’homme vertueux pour effacer les traces que le vice a faites sur lui ». Elle est surmontée d’une pointe qui a la forme d’une pyramide égyptienne.
Imaginons la forme de la figure de pliage nécessaire pour réaliser cette pierre cubique à pointe. Il y a un carré long positionné dans le sens de la hauteur (comme la nef d’une église), puis horizontalement 3 carrés côte à côte (figurant un transept), et enfin un pentagone surmontant l’ensemble (le chœur) qui apparaît sur cette figure dépliée.
Le cheminement du compagnon serait donc d’arriver à la lumière divine, de mieux la comprendre, quand l’apprenti ne la reçoit qu’en étant passivement ébloui.
Personnel
Je vois un peu du chemin spirituel parcouru dans cette citation de Benjamin Constant : « Il n’y a personne, je le pense, qui, laissant errer ses regards sur un horizon sans bornes, ou se promenant sur les rives de la mer que viennent battre les vagues, ou levant les yeux sur le firmament parsemé d’étoiles, n’ait éprouvé une sorte d’émotion qu’il lui était impossible d’analyser ou de définir. On dirait que des voix descendent du haut des cieux, s’élancent de la cime des rochers, retentissent dans les torrents ou les forêts agitées, sortent de la profondeur des abîmes. »
Cet horizon derrière lequel on veut aller voir est en fait un miroir permettant d’apprendre à nous connaître et qui nous permet de nous élever. Compagnon aujourd’hui, je me revois le jour de mon initiation dans la chambre de réflexion face au V.I.T.R.I.O.L. : au delà des références alchimiques, c’est le vrai sens de tailler la pierre brute que je comprends mieux.
Visita : visite ; on m’intime l’ordre de rechercher, d’examiner avec les sens en éveil, car il va être nécessaire de faire un premier lourd travail.
Interiora Terrae : l’intérieur de la Terre ; on se retrouve plein d’humilité face à notre Créateur, et j’entends « Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière ». Il faut mourir profane avant de naitre maçon en recevant la lumière.
Rectificando : en rectifiant ; on doit se corriger, travailler, se débarrasser de nos préjugés et de nos passions pour nous améliorer.
Invenies : tu trouveras ; c’est une affirmation rassurante. Devant la violence de l’ordre une solution nous est promise.
Occultam Lapidem : la Pierre Cachée ; morceau de la Terre qui n’est initialement pas visible. Ce serait la Pierre Philosophale, la Vérité : une entité divine sans défauts.
Mais, dans notre ordre, cette maxime doit-elle déjà figurer face au futur initié ?
Il s’agit donc d’une introspection. Ce voyage intérieur rejoint la sagesse de Socrate « connais-toi toi même ». Centré sur moi, je prends conscience de ce que je sais, mais surtout de l’infinie complexité de ce qui m’entoure et de tout ce que je ne sais pas. L’horizon me mets donc en relation avec le divin, et m’élève en me révélant l’existence du cosmique, abstrait et spirituel. Ainsi je corrige mes erreurs de comportement. La solitude est propice à la réflexion ; sans avoir conscience de tout ceci, la sérénité que je ressentais dans mes balades venait de ces ajustements. Mon esprit.
Il conviendrait peut-être d’élargir cette réflexion à l’humanité toute entière : c’est notre tâche de maçon de faire le bien pour autrui, de donner à la multitude pour améliorer l’humanité. Ce dialogue entre nous et le Grand Architecte nous guide dans ce travail de notre vie.
Il en retourne de l’évolution de l’homme ; percevoir le sens de l’horizon éviterait des guerres. S’imprégner de cette nouvelle dimension de l’horizon, c’est faire une expérience de l’Amour infini.
Conclusion
Initié, je me suis bien verticalisé,
Et puis j’ai contemplé immobile ce lointain ;
Grâce à la bienveillance et l’aide de mes ainés,
La réflexion m’humanise, me révèle le Saint.
Un océan de données me prend dans sa houle,
Je commence à voir ce monde horizontal ;
Beaucoup plus vaste, sa richesse infinie me saoûle.
Ces nouvelles vagues de Connaissance me portent, me salent.
Avec le fil à plomb et le niveau je sais
Construire l’équerre, bijou du Vénérable ; c’est
Mieux comprendre la Lumière de notre loge ; je vais,
Par cette bienveillance, continuer à progresser.
Par cet horizon d’explications qui construit
Mon esprit, je vois sous un autre angle ce quoi vers
Tout homme doit tendre : rassuré, apaisé, il vit
L’amour du Grand Architecte de l’Univers.
Patient et ferme j’ai bien ouvert la porte à l’heure,
Et, comme après chacune de ces denses réflexions,
Enrichi, je poursuis le voyage intérieur
Sentiment d’éternité, étrange impression !
J’ai dit Très Vénérable.
Crépuscule en bord de mer, Caspar David Friedrich, circa 1821
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"Trois Pas en Loge bleue"
Les grands fondamentaux du Rite Français
Le livre est disponible chez son auteur TVF BB au prix de 20 € + 5 € de frais de port. Pour le commander, envoyer un mail à l'adresse figurant sur le bandeau ci-dessous
Travail d'un Apprenti qui, sur proposition du Second Surveillant, se prépare à quitter le septentrion pour le midi.
Travail présenté devant les Maîtres de la R:. L:. Trusatiles (Rite Français).
A la gloire du Grand Architecte de l’Univers
Très Vénérable et vous tous mes Bien Aimés Frères,
je vais vous dire ce que j’ai trouvé sur la colonne du nord.
Introduction
« J’ai traversé les épreuves allégoriques pour voir la lumière et sentir votre soutien ». Soutien ressenti infini.
En prononçant le mot « infini », je pense immédiatement à ce 8 horizontal que l’on peut parcourir indéfiniment en faisant courir la mine d’un crayon sur ses courbes.
Il fut inventé par le mathématicien anglais John Wallis en 1655 dans « De sectionibus conicis » (des sections coniques). Une autre origine possible serait la lemniscate de Bernouilli (lemiscus : ruban ; courbe plane de cette forme).
On retrouve également une origine indienne (Antara le serpent de l’infini enroulé en 8), une déformation de la dernière lettre de l’alphabet grecque omega, ou du chiffre 1000 romain qui était à l’origine un rond barré.
Nous vivons avec cette notion quotidiennement ; il peut effrayer, voire détruire quand on l’appréhende mal. Bien au contraire, il nous permet de nous construire. Et nous devons parvenir à nous élever grâce à lui.
L’infini qui détruit
Nos connaissances du monde et les progrès de la science grossissent de manière exponentielle. Nous avons été obligés de nous spécialiser pour continuer à progresser. Si un humaniste du XVIII° pouvait être médecin, philosophe, astronome, et architecte, ceci semble bien plus compliqué aujourd’hui. Tenter de vouloir maitriser ces savoirs coute que coute peut aboutir à la dépression (je l’ai vu chez un brillant enseignant de classes préparatoires).
Le passage dans la chambre des réflexions ne m’a pas anéanti, mais il y a quelque chose qui se passe d’assez difficile à décrire : je me retrouve dans un endroit austère, avec la mort présente, devant des objets, des symboles qui seraient autant de sujets de réflexions. L’eau et le pain sont par exemple les aliments de base, qui maintiennent en vie ; je pense de suite au pain sec et à l’eau saumâtre d’un prisonnier qui survit. Ce pain, l’homme le fait avec la farine, venant du blé qui représente la culture, les premières cultures. Je vois nos ancêtres qui ont semé, récolté, moulu la céréale. Je voyage assis immobile sur ma chaise, dans le temps et dans l’espace pour me retrouver désorienté. Et puis je vois le sel, qui permet de conserver les viandes pour l’hiver, mais qui rentre également, pour infime partie, dans la composition de la pâte à pain. Cette infime partie transforme la pâte d’aliment de régime fade en délice indispensable aux tables étoilées. Je pense aux proportions, à l’utilité du plus petit, à nous tous qui vivons ensemble.
Bref, je suis un peu perdu devant toutes ces questions qui ont rempli la pièce, puis poussé les murs, et qui semblent sans fin.
L’infini qui construit
Sans fin. C’est un sentiment que je ressens profondément dans mon activité professionnelle. Le savoir médical qui était devenu trop vaste pour un seul homme a été découpé en spécialités. Au sein de chacune d’entre elles, il existe des compétences particulières (la rythmologie au sein de la cardiologie, la chirurgie de la main dans l’orthopédie). Les recherches menées sur des sujets très précis permettent de comprendre chaque jour un peu mieux (ou moins mal) cette « machine humaine » qui n’est pas de notre volonté.
Les médecins se demandent toujours pourquoi (tel signe se manifeste, telle maladie apparaît). Notre savoir médical actuel est résultat de ces réflexions. Avoir conscience de l’étendue de notre ignorance, qui me semble infinie dans la compréhension du corps humain, est utile à la recherche et à l’apprentissage. Tous ces « pourquoi » doivent nous enrichir de nouveautés sans nous plonger dans une perplexité anxieuse qui paralyse. Savoir que l’on est un petit locataire ici-bas ne nous empêche pas de bâtir un peu de cet ouvrage qu’est le savoir, et qui, une fois acquis, ne tient pas de place.
Dans mes premières impressions, j’ai écrit que j’étais « essoré mais jamais esseulé ». Je me suis senti porté par des inconnus familiers. Il y avait vous, et les autres frères du département, mais aussi ceux de tous les pays, et encore ceux qui seront initiés, que l’on ne peut compter mais dont la présence est tangible pour avancer dans la connaissance.
La description du tableau lors de l’initiation a pris du sens : la bordure dentelée protège de l’irruption des ténèbres.
L’infini qui élève
Nos perceptions et nos explications du monde qui nous entoure sont très complémentaires pour élargir cette connaissance. Ce perpétuel voyage sur le chemin de l’apprentissage nous modèle. Quand notre Vénérable Frère Fabien est venu me voir, je me suis perdu dans une tentative d’explication embrumée sur ma perception de notre monde depuis que je suis croyant. J’ai parlé d’un coin de voile soulevé nous faisant comprendre la toile de la vie que l’on a sous les yeux, comme le bain de révélateur dévoile la photo argentique. Ce n’était pas clair dans ma tête, et encore moins à l’énoncé. Il m’a demandé si moi je me comprenais ! Je crains d’avoir illuminé la pièce d’un rouge intense. Mais il ne voulait pas me déstabiliser et je crois qu’il avait réussi à saisir le sens de ce que j’avais bafouillé. Il s’agit bien de cet infini là, qui nous transporte.
Pendant sa période d’apprentissage, grâce au silence imposé, on occupe une position privilégiée sur la colonne du nord. On voit, on regarde, on observe ; on entend, on écoute, on médite. C’est un environnement favorable pour réfléchir sur ces impressions qui nous pénètrent. Il n’y a pas de fenêtre au nord, pour rester dans la pénombre. Et l’on voit d’autant mieux les 3 grandes lumières : le soleil, la lune et le Maître de la Loge.
J’ai été « submergé par la chaleur de votre contact » : je commence à comprendre pourquoi.
Je cherche mes repères. Je regarde à l’occident et imagine le fil à plomb du bijou du second surveillant, surveillant de la colonne du nord. Puis je repense au morceau d’architecture de notre Très Vénérable Frère Bernard B. : « le fil à plomb est symbole de la vie, de l’activité, de la vigilance et de la conscience de soi ». Cette perpendiculaire me servira de repère, de pilier. Je suis rentré profane, je me lève, et vais avancer sur mon chemin de maçon. Je suis assis sur cette colonne pour comprendre que je suis né une nouvelle fois. C’est probablement ce qui m’a déstabilisé. Maintenant, en bâtissant mon temple intérieur, je vais progresser et tenter de m’élever en travaillant sur la pierre brute.
Avant de s’élever il faut se rassurer et construire des bases solides. La cordelière à houppes pourvue de lacs d’amour y participe. On retrouve presque la forme du symbole de l’infini dans le nœud en 8 (il faudrait superposer la corde entrante avec la corde sortante). Il est un des premiers nœuds enseigné en voile comme en alpinisme. Il permet de bloquer une écoute, éviter que l’extrémité d’un bout ne s’effiloche ; il est également utilisé sur le baudrier du grimpeur pour l’assurer. Simple à vérifier, il contraint moins la corde que le nœud de chaise et préserve ainsi ses qualités. J’ai appris sur le blog qu’il est aussi appelé nœud de Savoie, suite à l’ordre du lacs d’amour institué par le comte de Savoie en hommage à un bracelet tressé des cheveux de son épouse.
Voilà pourquoi cette corde représente l’amour fraternel qui unit tous les maçons de la loge et les relie à tous les frères de la terre : il n’y a rien de plus simple qu’un amour infini pour établir une relation durable et solide. Nous voici donc sécurisés par la cordelière au dessus de nos têtes, et que l’on retrouve sur le tableau de loge, qui créer un espace protecteur fermé. Elle tisse un lien entre la terre et l’espace qui ne cesse de nous apprendre sur nous-même, comme nous le rappelait le diaporama de notre Très Vénérable Frère Bernard R.. Cette barrière est constituée par le symbole de l’amour. Et ainsi rassurés par cet amour, nous travaillons pour un monde meilleur.
Au centre de cet espace se trouve le Tableau de Loge sur lequel je vois la cordelière mais aussi la perpendiculaire du Second Surveillant au septentrion. Il y a 7 marches ; je n’en ai gravi que 3 à mon initiation. Je ne suis resté qu’à l’extérieur de ce temple. Je retrouve le soleil, la lune et l’équerre, bijou du Maître de la Loge, les trois lumières, ainsi que les 3 chandeliers autour du tableau. Il y a surtout la Pierre Brute que je vais travailler, polir et gravir ainsi les autres marches. Les 3 fenêtres disposées aux heures clefs, l’ouverture, la fermeture et au milieu notre travail sont en face moi ; le temps les traverse au cours de chaque tenue, temps de réflexion pour ce travail.
Conclusion
Il est nécessaire de se savoir ignorant pour apprendre. Forts de ces nouvelles connaissances nous forgeons notre avenir et progressons plus sereinement en nous épaulant.
Le chemin du maçon commence lorsqu’il reçoit la lumière ; il va travailler dans la vertu, pour polir la pierre sans relâche. Chacun progressera à sa façon, fidèle à nos valeurs, sur une route qui n’a pas de limites. J’ai commencé en montant les 3 marches pour la première fois.
Jules Lachelier, agrégé de lettres, major à l’Ecole Normale Supérieure et professeur de philosophie a écrit : « on ne peut partir de l’infini, on peut y aller ». Alors allons-y tous ensembles mes frères !
J’ai dit Très Vénérable.
F:. Charles T.
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Quel est donc ce mot maçonnique dont il semblerait que la prononciation soit sujette à variation ? Vos commentaires seront les bienvenus. A vos claviers.
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