Suite et fin...
Si la parole est là dans la loge durant toute la tenue, rien n’est dû au hasard. Elle est l’exact reflet de notre rituel. La parole a alors un sens qui nous est propre. Elle constitue notre loge. Ceux qui la disent, dans le silence, le Vénérable et ses 2 surveillants ne l’inventent pas mais la lisent. Cette parole, tout droit, sortie du rituel vient de loin, elle résonne dans l’histoire de la maçonnerie.
La prise de parole en loge est codifiée. Personne, je dis bien personne ne peut s’arroger le droit de parler librement. La parole est à demander au surveillant de sa colonne qui lui-même en fera la demande auprès du Vénérable Maître. Lui-même ne répondra pas directement au demandeur mais au surveillant.
Le Vénérable maître la donnera directement au frère secrétaire pour la lecture de la planche tracée de nos derniers travaux comme il la confiera au frère Orateur pour que celui-ci fasse part des changements ou erreurs.
Le vénérable maître par la parole ne s’adresse à la loge que par l’intermédiaire de ses 2 surveillants. La parole n’est donc pas linéaire mais triangulaire, symbole fort.
La parole est aussi là pour faire état de nos travaux. Et nous permettre d’apprendre. Chacun recevra alors par la lecture des planches d’apprentis, de compagnons ou des morceaux d’architecture des maitres de la loge l’enseignement qu’il est venu chercher pour avancer sur le chemin tortueux de la maçonnerie et s’enrichir.
A nous d’être à la hauteur de la parole que l’on nous donne que l’on soit celui qui dit ou celui qu’écoute. Prendre la parole n’est pas chose aisée. Croyez-moi je suis bien placé ce soir pour vous le confirmer. Nous qui sommes habitués au jugement dans la vie profane quand nous parlons et non à l’enrichissement de nos propos par des frères bienveillants.
Cela me fait penser à mon lointain sujet de philosophie en terminale :
« Le langage sert il à parler ou bien à penser ? »
Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous refaire les quatre heures de l’épreuve ici mais plutôt faire une proposition qui nous amènera au troisième point que je voulais traiter : le langage nous sert ici à parler et à penser.
C’est par la parole du VM et le silence pour moi lors de mon passage au grade de compagnon que pour la première fois j’ai découvert l’Etoile Flamboyante, symbole de ce feu sacré, feu de la connaissance, emblème du génie qui élève aux grandes choses comme nous dit le rituel
« S’éclairer soi-même afin de pouvoir éclairer autrui » explique Oswald Wirth.
Comme j’ai découvert la lettre G, lettre mystérieuse ou le divin croise la géométrie, la sagesse le discernement, lettre par excellence fondation de la connaissance initiatique.
Par notre apprentissage, par les mots que nous entendons ou que nous échangeons lors de nos séances de formations, à nous donc de rayonner et transmettre l’esprit maçonnique.
L’équilibre et l’harmonie.
Le silence et la parole ou en un seul mot : notre rituel. Tout est là parfaitement orchestré. Des silences croisent la parole, des paroles nous invitent au silence. Les deux unis font notre loge, la constitue si parfaitement. Souvenons-nous de nos frères lors des périodes troubles de la 2ème guerre mondiale, qui dans les bois se sont cachés pour continuer à faire vivre la Maçonnerie. C’est avec un tableau de loge tracé dans la poussière et la parole de notre rituel qu’ils ont construits des loges et faits des tenues au péril de leurs vies. Pas besoin de murs, de décorum, juste des mots, du silence, un rituel et des frères prêts à tout pour que dans le futur, notre présent, la franc maçonnerie existe.
Tout comme dans la vie profane, le silence et la parole sont indispensables, incontournables pour nous maçons. Sans eux nous n’existerions pas.
Alors pour finir laissez moi reprendre juste ces mots que nous avons l’habitude de dire tous ensemble :
« Vivat vivat semper vivat. »
J’ai dit Vénérable Maître.