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Pour l’apprenti le silence ne doit pas être perçu comme une punition, mais plutôt comme un cadeau. Dans ce silence contraint mais non forcé, l’apprenti va, regarder, écouter et apprendre pour un jour passer à l’acte et lire devant ses frères sa première planche. Le silence est son meilleur allié. Et l’apprenti maçon ne doit sentir aucune frustration à cela.
Le silence est professeur.
Ce qui est vrai pour l’apprenti l’est encore plus pour les autres maçons, compagnons ou maître. Une fois les portes du temple fermées, dans le silence, les maçons laissent derrière eux le monde profane et son agitation. Le silence devient alors l’état idéal de tous les maçons pour recevoir les travaux, ouvrir nos sens.
Pour nous, le silence n’est pas l’acte de se taire !
Comment imaginer s’imprégner des morceaux d’architectures, de planches, si on laisse les uns et les autres parler, murmurer ?
Dans le silence, nous réfléchissons, nous méditons.
N’oublions pas également que dans l’initiation au moment de l’Obligation, Le Vénérable demande au Néophyte de répéter par deux fois « de garder inviolablement tous les secrets qui nous seront confiés dans cette respectable Loge »: le silence est secret.
Le silence est partie prenante du Rituel, tout comme la parole.
Souvenons nous du début de la tenue, le VM et le cortège d’officiers viennent de rentrer, la porte est fermée. Les trois coups de maillets résonnent. Le temps s’arrête, le silence s’installe.
La loge alors se met à vivre.
Le maître de cérémonie dans le silence du mouvement accomplit les paroles du vénérable
Venons-en à la parole.
Le dictionnaire définit la parole comme étant le langage articulé symbolique humain destiné à communiquer la pensée et à distinguer des communications orales diverses, comme les cris, les alertes, les gémissements…La parole est le propre de l’espèce humaine et si de nombreuses espèces savent communiquer entre elle, aucune ne sait le faire comme l’espèce humaine.
D’autre diront que la parole est capacité à parler et, en particulier, à bien parler. Ce qui nous rapproche déjà de nos travaux.
L’homme aime parler. Par cet acte d’une complexité mécanique redoutable alliant le cerveau et les muscle de la langue (si en plus on la tourne 7 fois dans sa bouche avant de s’exprimer ! ), l’homme existe. Tout comme pour marcher, parler s’apprend. Ne parle-t-on pas d’apprentissage de la langue ?
A la naissance l’enfant ne parle pas. Il exprime ses émotions par des cris, des râles, des rires. Le langage doit s’apprendre, l’environnement de l’enfant (parents, amis, écoles etc.) est là pour permettre cet apprentissage. Rien n’est acquis. De ce postulat nous pouvons faire un parallèle avec la franc-maçonnerie.
Pour l’apprenti, comme pour les autres également, rien n’est acquis et tout est à apprendre. Ce sont les autres par la formation ou par le travail lu en loge que va le Maçon va apprendre. La parole devient un élément de notre construction.
Nous savons tous parler et c’est là le danger. Si chacun d’entre nous se met à parler nous arriverons à ce que chacun appelle le brouhaha ou la cacophonie que nous pourrions définir ainsi : « Effet désagréable produit par des instruments qui jouent, des voix qui chantent sans accords ni harmonie… »
Le mot harmonie est un mot fort pour nous tous ici et sans règle pour la prise de parole nous la perdrions à coup sûr.
Mais comme tout à l’heure je vous expliquais qu’il était impossible d’imaginer un monde sans silence, il est tout à fait inimaginable d’envisager un monde sans parole.
Dans le monde profane, la parole est libre mais pas ici, dans ce temple lors de nos tenues et c’est ce qui fait sa force et sa grandeur.
...à suivre