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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 11:26

Voici la troisième partie du travail de notre R.F. et B.A.F. Jean Paul A.

Êtes vous Maître? -3-

Relevons encore de nombreuses pistes qui nous sont offertes par le rituel pour nous inciter à étudier toutes les arcanes du grade, le devoir de fraternité et l’amour porté à l’autre sont bien soulignés par les mots même de la victime s’adressant à ses bourreaux : “malheureux !“, car si Hiram va mourir ce sont bien les assassins qui sont à plaindre car ils se privent d’accéder le moment venu à la Connaissance.

Mais on comprend aussi en suivant le récit qu’il est impossible de cacher pour toujours la vérité, de même qu’il n’est pas imaginable que la chute, aussi dramatique qu’elle soit ne permette pas un jour de se relever. C’est un thème très chrétien qui est ici sous-jacent, la tombe d’Hiram n’est que provisoire et son emplacement est indiqué par une branche d’acacia ! On sait que le bois de cet arbre est réputé imputrescible contrairement à la chair cachée sous la terre où il prend racine ! L’architecte est mort et bien mort, il ne ressuscitera pas mais sa chair mêlée à la terre nourricière donnera du fruit comme Jean l’a rappelé “Si le grain ne meurt pas en terre il reste seul, s’il meurt il porte beaucoup de fruits“.

Ce qui est attesté encore par le fait que c’est à cet instant que le Maître de la Loge fait rallumer les bougies et éteindre les lampes. Comment mieux indiquer que la lumière qui jaillit désormais n’est plus de nature profane ? Qu’elle est d’une autre nature que celle qui brillait dans les grades antérieurs ! Cette lumière nouvelle, c’est celle d’une renaissance.

Mais cette nouvelle naissance il a fallu la vouloir profondément et accepter le sacrifice de sa vie pour l’obtenir, c’est aussi l’acacia incorruptible qui nous ramène au devoir de respecter nos engagements. Il est un bois dur mais qui s’arrache sans peine lorsqu’il n’est pas planté sur un sol adéquat, comme il est des initiés qui se refusent aux efforts indispensables à leur transformation profonde. Ce travail difficile se traduit encore par les difficultés à retrouver le corps de l’architecte, figure de la Connaissance.

Ils sont neuf Maîtres au Rite Français à mener les recherches (le nombre neuf représentant à lui seul une symbolique très riche), ils font un circuit autour de la représentation centrale, ce qui incontestablement tend à restaurer, redessiner un espace sacré là où s’était installé le désordre et comme ces déambulations se font dans le sens de la course du soleil, on redéfinit aussi un temps sacré. Cette reconstruction se fait à l’occident autour de l’équerre et à l’orient autour du compas relié par un axe dont le point central est le Maître assassiné. C’est évidemment de cette construction nouvelle que va rejaillir la vie mais une vie nouvelle, différente, d’une autre nature que celle qui ici s’est achevée. Le rituel est d’ailleurs très explicite : au terme des déambulations, les Maîtres découvrent l’objet de leur recherche grâce à une “vapeur“ qui s’élève ; cette vapeur, c’est évidemment le souffle, l’esprit créateur qui n’a pas disparu de ce corps dégradé tout simplement parce que la part de Divin qui est en chaque être est construit à l’image du créateur comme l’affirme la Bible. La recherche du corps de l’architecte n’a pas pour but de lui rendre de vains hommages mais bien de retrouver le souffle qui ne meurt pas ; et comme nous sommes par notre accession à la maîtrise tous architectes, le rituel une fois encore souligne que notre mort à la matérialité est le passage obligatoire à la libération de notre part de souffle, de notre nature spirituelle.

Il faut donc se relever ! Ou plutôt être relevé car ainsi qu’il est écrit dans le rituel “c’est en vain que les hommes prétendent construire, si le Grand Architecte ne daigne construire lui-même“. Preuve en est que les tentatives avec les mots d’Apprenti et de Compagnon demeurent vaines ; la force et la persévérance sont nécessaires mais insuffisantes et doivent être unies, liées par une volonté venue de l’orient, c’est-à-dire par la lumière, l’énergie principielle ici figurée par le Vénérable. Les trois qui interviennent rappellent aussi que la renaissance ne peut survenir qu’au terme d’une longue évolution de l’être qui exige que d’abord “la chair quitte les os“. Bien sûr la mort demeure pour chacun de nous le scandale ultime ; corps et esprit se désunissent et tout devient poussière, c’est une réalité qu’on supporte plus ou moins bien mais auquel nul ne peut échapper !

Le Maçon régulier, et donc homme de foi par définition, sait que la mort, même dans sa conception profane, n’est pas disparition mais transformation ; plus encore son combat vise à faire que cette transformation se traduise par la création d’une énergie parce que l’énergie est un souffle créateur, celui-là même dont il a été le bénéficiaire par la volonté, l’énergie, du créateur. La mort “naturelle“, donc profane, n’est en rien la Mort qui est l’impossibilité de la transformation positive.

Un point essentiel à saisir est que la cérémonie du troisième grade n’est en aucun cas une résurrection, celle-ci est réservée à Dieu. C’est la naissance d’un autre être, ce qui d’ailleurs obligera à lui donner un nouveau nom dont nous reparlerons. Nul ne nous demande d’être l’architecte qui est mort et bien mort avant d’avoir terminé son œuvre. Comprenons ici que nous ne pouvons décidément pas aboutir en ce monde, aurions-nous été aussi exemplaire qu’Hiram, mais qu’il nous faut tendre à la perfection, autant que faire se peut et surtout que faire se veut, si nous avons obtenu de renaître différents et n’en tirons pas les conséquences, à quoi bon ?

Être vivant, c’est être debout ; le relèvement se fait selon une “procédure“ très particulière puisqu’elle requiert à la fois l’utilisation d’une gestuelle et d’une posture spécifique et la transmission d’un mot. Le tout vise à soustraire le récipiendaire à la mort, c’est-à-dire à la tentation de rester dans la matérialité, de demeurer immobile et au repos là où il faut avancer et lutter. Il s’agit d’ériger à nouveau une colonne entre la terre et le ciel, de rouvrir un pont entre le bas et le haut. D’où l’utilisation nécessaire des cinq points qui sont parfaits dans la mesure où ils établissent les contacts indispensables au passage de l’énergie du vivant vers celui qui doit renaître. Dès lors les cinq points permettent cette reconstruction, ils rassemblent ce qui est épars, amènent le récipiendaire dans une position où il découvrira, à travers son double, l’être qu’il est devenu, en même temps que la voie qu’il est invité à suivre.

A cette gestuelle est liée la transmission d’un mot qui ne peut-être utilisé que lors de la réception d’un nouveau Maître et dans la posture requise ou lors d’un tuilage. A dire vrai, le mot de Maître n’a qu’une importance très relative, ce  qui importe véritablement c’est que l’initié comprenne et vive au plus profond de lui-même la transformation de son être que figure la cérémonie d’élévation. Ce n’est pas chose facile que de ressentir qu’on fait un saut dans un monde nouveau et inconnu lorsque, quelle que soit la bonne volonté qu’on y met, on est toujours dans un endroit connu, avec les Frères habituels et que nul buisson ardent n’illumine les lieux, qu’aucune voix ne descend des cieux !

Et pourtant , c’est dans ces instants que la chair doit quitter les os pour que naisse un homme nouveau, non pas débarrassé des os ni de la chair mais potentiellement devenu “corps de lumière“. C’est parce qu’elle symbolise cette transformation, cette transfiguration que la Parole est “Sacrée“ et qu’elle doit, de ce fait, n’être donnée de la manière appropriée qu’en un lieu et un temps sacrés “après s’être assuré que celui qui vous la demande est Maître“

à suivre

Êtes vous Maître? -3-

"Trois Pas en Loge bleue"

Lire l'article de Yonnel G. en cliquant sur le lien http://www.regius-glnf.fr/article.php?id=1530

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Êtes vous Maître? -3-
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