Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 06:09

Ordre CistJe reçois, ce soir, un billet de notre F:. le V:.M :. Al Ecker, bien connu des Meuniers.

Je m'empresse de vous livrer ses propos, pertinents, voire impertinents, sur le sujet qui nous préoccupait...


Au cours des siècles, de grandes questions ont agacé les méninges de nos semblables, depuis le "qui suis-je" œdipien jusqu'au fameux "toubib or not toubib" d'un touriste anglais consultant l'improbable Docteur Céline. Aussi, pour ne pas être en reste avec les temps qui courent, une interrogation massive assaille notre Obédience :

En tant que FM pouvons-nous prétendre valablement appartenir à un Ordre, ou au contraire, conformément à l'air du temps, devons-nous nous méfier de ce mot comme de la peste ? Pas facile de répondre, au moins tant que nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les termes, c'est-à-dire sur l'essentiel du "de quoi parle-t-on ?".

En fait si le mot "ordre" vient, comme beaucoup d'autres, de la langue latine et se

trouve bien attesté en France depuis la fin du XIème siècle, son usage originel est plus inattendu, puisque ce fut d'abord un terme technique, qui désignait la disposition idéale des fils de trame destinés à la confection d'un tissu. Il indique donc une disposition chronologique, et par rang d'importance, d'une succession d'éléments disposés harmonieusement afin de donner le meilleur résultat possible. Le verbe "ourdir" atteste encore aujourd'hui de cette origine tisserande.

A partir de cette image exemplaire d'une succession de fractions décroissantes

constitutives d'un tout agréable, l'habitude fut prise à Rome de classer les citoyens selon leur appartenance à tel ou tel rang, pour illustrer, de manière plus symbolique, la teneur de la nappe du tissu social. Et comme on ne s'embarrassait guère de détails, on se limita à trois "ordres" : l'ordo senatorius correspondant aux patriciens, celui des cavaliers et bien sûr la plèbe. On retrouvera cette tripartition sous l'Ancien Régime en France, au travers de la noblesse (bellatores), du clergé (oratores) et du tiers-état (laboratores). Cette organisation romaine passa tout naturellement à la hiérarchie religieuse de l'époque, qui distinguait alors l'ordre des prêtres (ordo sacerdotum) par rapport à celui des devins (ordo haruspicum), plus exactement des "déchiffreurs d'entrailles".

Cette facilité de classement se transmit à la nouvelle religion chrétienne vers le milieu du 5ème siècle grâce en particulier à la Vulgate, et désigna à la longue à la fois l'ordre épiscopale par rapport à l'ordre ecclésiastique, et une communauté religieuse de gens qui, après avoir prononcé des vœux, vivaient sous l'observance stricte d'une règle. Cette facilité de langage étant prise, à partir du XIème siècle tout le monde se mit à utiliser le même mot pour désigner toutes sortes d'organisations, lesquelles firent glisser peu à peu les acceptions vers des domaines jusqu'alors inconnus. On parla de l'ordre militaire, qui aboutit par métonymie à la simple transmission des ordres. On créa des distinctions honorifiques, qui s'assimilèrent au sens d'une communauté restreinte d'heureux récipiendaires, comme par exemple, l'Ordre de la Jarretière. Finalement de l'ordre des choses, on aboutit à l'ordre public et aux forces de l'ordre modernes, sans lesquelles, qu'on le veuille ou le déplore, aucune vie sociale apaisée ne serait jusqu'alors possible. Mais que ce soit un ordre du jour, un ordre des anges, un ordre professionnel ou un simple mot d'ordre, transparait chaque fois une relation tendant à hiérarchiser les priorités, à organiser des entités disparates, bref à rendre intelligible et à "rassembler des éléments, qui seraient sinon restés étrangers les uns aux autres". Tiens ça nous rappelle quelque chose.

Reste à savoir maintenant à quel type d'organisation nous faisons allusion lorsque l'on prétend, ou l'on conteste, que la Franc-Maçonnerie est un Ordre. Point n'est besoin d'aller chercher bien loin pour répondre à cela, car si l'organisation des divers systèmes maçonniques finit par engendrer forces médailles et décorations, ce n'est tout de même pas du côté de l'Ordre de la Toison d'Or que nous trouverons la solution. Pas plus d'ailleurs que vers la classification de l'histoire naturelle, même si nous regroupons une majorité de primates, parfois carnivores, rarement édentés, et quelques crocodiliens. Resterait l'ordre religieux de type bénédictin ou franciscain ? Mais il me semble que se prétendre apparenté à une telle communauté relèverait d'un manque de mesure et de lucidité, ne serait-ce qu'au vu de nos règlements et surtout de la manière dont nous les appliquons aujourd'hui.

Alors pourquoi un Ordre maçonnique?

Je crois qu'il faut rendre à Andrew ce qui appartient à Michel, puisque la seule piste qui vaille est bel et bien celle du Chevalier de Ramsay. En effet c'est depuis la fameuse bouffée délirante de notre lointain frangin mythomane 1737), qui faisait de nous les héritiers des Croisades et plus spécialement des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem (devenus aujourd'hui les Chevaliers de Malte), qu'est née une seconde mythologie des origines maçonniques. Et, avec la facilité toute naturelle qui est la notre, à tout mélanger sous couvert de symbolisme, nous avons gentiment fait la confusion entre les Ordres militaro-religieux pour ne plus retenir qu'une ascendance templièro-teutonnique à partir de laquelle, et avec l'aide du Baron von Hund, naquit réellement l'écossisme contre la maçonnerie anglaise. De là à devenir un Ordre, le pas fut facile à franchir.

En effet, par amalgame nous nous identifiâmes à un Ordre. Comme St Benoit nous avons une règle en 12 points, nous suivons un ou des rituels comme les moines ont leurs liturgies, nous avons des mœurs plutôt cénobitiques bien que la plupart d'entre nous soient demi-pensionnaires, et nous prêtons des serments que nous observons plus ou moins scrupuleusement. Donc nous sommes bien un ordre, conformément aux textes qui l'affirment. Et après ? Car de savoir ceci nous fait une belle jambe! En fait, posée ainsi, la question n'est pas très importante. Mais plus intéressant serait de savoir si nous nous considérons comme appartenant à un Ordre. Nous qui, librement, venons frapper à la porte du Temple et nous engageons sur l'honneur et sur Dieu, à suivre une palanquée d'obligations qui n'ont rien de commun avec celles d'une association de "joyeux pétanqueurs". Dès lors, sommes nous aujourd'hui prêts à être fidèles à nos serments? C'est la seule question qui vaille, plutôt qu'ourdir des complots pour déchirer le tissu maçonnique sous prétexte de manque de transparence et de démocratie. En faisant cela, c'est déjà se renier et fomenter le dés-Ordre. Le reste n'est que littérature.

Soit on accepte tout, en faisant en sorte d'aménager au fil du temps les évolutions

indispensables, soit si l'on n'est pas heureux, on va voir d'autres constellations.

Car n'oublions pas, Templiers ou cisterciens, que dans l'Office des heures, Matines

c'est à "quatre ou cinq plombes du mat", pas à 9 heures avec petit déjeuner porté en chambre par une accorte bonne sœur en cornette...

Et là évidemment, Maçons pharmaciens ou avocats c'est d'un tout autre Ordre dont on parle.

Partager cet article
Repost0
RF BB T.V.F. Hospitalier

Le Rite Français

  • : Le Blog du Rite Français
  • : Des fondamentaux, des usages, de la symbolique et du sens du premier Rite maçonnique
  • Contact

Librairie

Voir ci-contre,

à la suite de l'article du jour

Rechercher

Pages

Catégories

Liens Sites À Visiter