Morceau d'architecture présenté par le TVF M. et que nous publions ci-dessous avec sa fraternelle autorisation.
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Signe et Symbole, ces deux mots ont constitué des sujets très nombreux pour bien des auteurs profanes et maçonniques.
La raison est, sans doute, qu’ils sont différents dans leur sens tout en étant très voisins comme si ils s’éloignaient pour mieux se rapprocher.
Et ceci est d’autant plus compliqué qu’ils vont souvent avec d’autres comme emblèmes, symbolique ou encore symbolisme. Les profanes et les maçons rivalisent sur cette multitude de définitions.
Commençons par le domaine profane :
Le symbole, selon le Robert, est ce qui représente autre chose en vertu d’une correspondance analogique. Il vient du latin symbolum ou objet de reconnaissance. C’est l’objet ou le fait naturel de caractère image qui évoque par sa forme ou sa nature, une association d’idées spontanées dans un groupe social donné.
Le signe, quant à lui, est une chose perçue qui permet de conclure à l’existence ou à la vérité d’une autre chose à laquelle elle est liée. Mais c’est aussi un mouvement volontaire destiné à communiquer avec quelqu’un, à faire savoir. Le signe vient du latin signum qui signifie marque, empreinte.
Il parait délicat de différencier avec justesse le sens du symbole de celui du signe. C’est encore plus délicat si on se réfère au dictionnaire des synonymes qui complexifie un peu plus la recherche.
A la rubrique symbole on lit : apparence, attribut, insigne marque et…. signe. A la rubrique signe on lit : expression, manifestation, message et …symbole.
Alors… Peut-on tenter avec humilité une approche ?
Le symbole serait une catégorie plus large qui comprendrait, notamment, le signe. Le symbole comprend l’objet et le fait Et le signe serait l’objet et le mouvement représentant l’objet ou le signifiant.
Quid, maintenant en franc-maçonnerie ?
Oswald Wirth, auteur ésotérique du XIXe siècle écrivait : « les symboles généralisent ce que les mots spécifient. Ils permettent d’exprimer des idées générales qui représentent les lois immuables de la pensée humaine. Ils n’ont pas une valeur déterminée et invariable, mais sont susceptibles, au contraire, d’être envisagés à des points de vue multiples donnant lieu chaque fois à des interprétations analogues mais différentes. »
Il poursuit en écrivant que le symbolisme est une écriture qu’il faut apprendre lire.
Ne serait-ce pas un des aspects de la taille de la pierre brute à laquelle nous devons nous adonner depuis que nous avons été initiés ? Assurément si.
Mais une autre idée provenant de l’examen des pratiques ancestrales permet de comprendre certains aspects de la nécessite du symbolisme et notamment en franc-maçonnerie.
La science était, jadis, l’apanage d’un petit nombre. Elle ne se transmettait que sous le sceau du secret à des hommes choisis dont on exigeait de rares qualités morales. Ces élus étaient mis en présence d’emblèmes et de symboles car le langage manquait primitivement de termes pour exprimer les choses abstraites. Force était, donc, de revêtir les conceptions philosophiques d’un voile imagé qui devait être transparent pour les esprits perspicaces et qui n’étaient pas initiés. Cette pratique remonte, donc, à des temps très anciens et elle existait par nécessité et pour protéger un groupe et ses membres. Ils possédaient, ainsi, la connaissance et ne la divulguaient qu’aux initiés.
Rappelons-nous des bâtisseurs de cathédrales qui parvenaient à sculpter les chapiteaux pour moquer le clergé et la noblesse sans que les profanes à leur art, fussent-ils ils membres du clergé ne puissent déchiffrer l’ironie des scènes à l’encontre de l’église.
La franc-maçonnerie a donc utilisé ce mode de transmission par les symboles et les signes qui permettent de travailler en loge mais aussi de se reconnaitre dans le monde profane sans que les esprits perspicaces n’interceptent la liaison.
Un aparté à cet égard : ces signes suffisent largement à se reconnaitre dans le monde profane : point n’est besoin des phrases que l’on entend ici ou là, "c’est plus qu’un ami", ou encore "je le rencontre les soirs". »
Le symbole est, donc, un passeur et un éveilleur qui permet de passer à la géométrie sacrée.
Concrètement, regardons la loge et le rituel. Dans le cabinet de réflexion le profane voit un sablier avec l’inscription persévérance et un coq avec l’inscription vigilance. Il s’agit de l’expression d’une idée par image, un tableau ou un être vivant.
Mais alors ! Sommes-nous en présence de signes ou de symboles ?
Le coq et le sablier relèvent du rationnel et non de l’imaginaire.
Ils seraient, donc, des signes. Cependant, ils permettent d’imaginer le temps qui passe, la vigilance et la persévérance. C’est la correspondance analogique dont nous parlions tout à l’heure. Ils seraient, donc, des symboles.
Mais une controverse se fait jour. Certains estiment que les symboles et les signes créent une relation conventionnelle entre les mots et les idées.
En d’autres termes, nous serions en présence de choses signifiées dont le sens horizontal est imposé par avance et ne permettant ni la réflexion ni l’interprétation.
Cette position est assurément dogmatique et, me semble-t-il contraire à l’élévation de l’esprit dont nous devons faire preuve dans la taille de la pierre.
En fait, c’est la base de la correspondance analogique qui est imposée mais pas ce que l’interprétation complète du symbole permet.
C’est la différence entre la technique de la taille de la pierre qui obéit forcément à des règles imposées et le coup de main personnel qui fait qu’une œuvre ou un travail se différencie d’une autre. Celui que l’on nomme le coup de patte qui caractérise le talent.
Le début de la tenue nous plonge dans cette dualité entre la signification imposée et la réflexion évolutive.
« Tous les frères sont-ils à l’ordre ? »
« À moi mes F. par le signe… »
Nous sommes au début de la tenue dans une relation conventionnelle qui ne permet pas encore l’élévation de la pensée.
Cependant, sans ces signes ou symboles point de réflexion. C’est après l’ouverture des travaux qu’apparait véritablement le symbole qui est souvenons-nous un passeur.
Je n’en retiendrai qu’un certain nombre :
> Le nombre "3" bien sûr.
> La pierre brute, elle vient de la terre qui a subi le feu intérieur. Elle est celle qui est à polir et qui par sa forme cubique s’élèvera vers le ciel.
> Le fil à plomb : ligne verticale qui assure la verticalité du mur et qui est le lien entre les profondeurs de soi et la voute étoilée.
> Le glaive : symbole de l’honneur.
On peut, donc, penser que ces symboles vont plus loin que les signes. Le symbole permet de trouver la hauteur supra terrestre. Le signe n’est que le point de départ, il serait l’horizontale et le symbole la verticale.
Nous sommes, en fait, dans le symbolisme de la franc-maçonnerie.
Mais ce symbolisme est plus vaste puisque l’on y trouve aussi les arcanes, les emblèmes et les allégories.
A ce propos la chaine d’union ressemble à une allégorie car elle est un tableau vivant. Elle est cependant hautement symbolique de l’égrégore.
Va comprendre mon F.
Je pense que toutes ces notions sont une aide pour la recherche de la lumière et de la paix intérieure. Elles permettent la création de l’espace spirituel propre à la réflexion en loge.
Cette tentative d’ébauche de ce soir nous rappelle que le sujet est infini et que nous devons continuer à tailler notre pierre inlassablement, éternels apprentis que nous sommes.
En participant aux travaux, bien sûr mais aussi et presque surtout en cherchant à comprendre le pourquoi du rituel et sa signification.
En cherchant à réaliser des planches qui ne sont pas que des vécus personnels mais aussi des recherches sur la symbolique maçonnique. Notre travail est de se poser des questions et de ne pas être des spectateurs passifs.
Comme l’a écrit notre TVF BB dans son très bel ouvrage : Trois pas en loge bleue : Pourquoi ce tablier ? Pourquoi ces trois pas ? Pourquoi ces coups de maillet par trois. Il a écrit, à ce sujet, qu’il faut aller le plus loin possible sur cette mystérieuse voie symbolique qui devrait, peut-être un jour, permettre d’entrevoir la transcendance promise.
Bientôt notre V. nous dira : A moi mes F. par le signe ... et nos travaux seront fermés.
J’ai dit.
801ème article